L'agence de notation a abaissé jeudi soir de trois crans, à "Caa3", la note souveraine de l'île méditerranéenne.

En juin, Chypre est devenu le quatrième pays de la zone euro à solliciter une aide auprès de l'Union européenne et du Fonds monétaire international pour recapitaliser un secteur bancaire fortement fragilisé par son exposition à la dette grecque.

Moody's estime que cette exposition se traduira par une hausse de la dette du pays, dont l'ampleur est l'un des freins à la définition d'un plan d'aide pour Chypre. Le montant du plan pourrait atteindre 17 milliards d'euros, l'équivalent du produit intérieur brut de l'île.

A l'occasion d'une réunion des partis de centre-droit européens à Limassol, le premier ministre grec Antonis Samaras, a estimé que, comme la Grèce, Chypre "arriverait à s'en sortir".

D'autres dirigeants européens présents à la réunion, notamment la chancelière allemande Angela Merkel, ont exprimé leur solidarité, à condition que Chypre soit en mesure de mener les réformes nécessaires au redressement du pays.

"J'aimerais souligner que Chypre doit avancer dans les réformes de son économie, mais d'un autre côté, nous devons faire preuve de solidarité", a-t-elle déclaré à la presse.

Berlin avait manifesté ses inquiétudes face au manque de transparence du système financier chypriote, qui passe pour un important canal de blanchiment d'argent. Chypre est entre autres considérée comme un paradis fiscal pour de nombreux Russes fortunés.

Le Premier ministre finlandais, Jyrki Katainen, a déclaré de son côté qu'il soutiendrait la demande d'aide de Nicosie, tout en soulignant que le pays avait besoin d'un pouvoir plus fort.

D'ÉNORMES DÉFIS

"Les défis sont vraiment énormes, mais je suis sûr que lorsque le pays aura un gouvernement nouveau, fort et engagé, capable de renforcer la confiance, cela aura un impact incroyablement positif", a-t-il déclaré à la presse vendredi.

Ces commentaires constituent un signal clair de soutien au dirigeant de l'opposition chypriote Nicos Anastasiades, donné favori de l'élection présidentielle prévue le 17 février.

Le journal allemand Handelsblatt écrivait mercredi que Nicosie n'obtiendrait pas de plan de sauvetage avant le mois de mars, une fois passée la présidentielle.

De son côté, le ministre chypriote des Finances, Vassos Shiarly, a déclaré vendredi qu'il préférait être positif après la décision de Moody's et se concentrer sur l'obtention du plan de sauvetage.

Les autorités chypriotes attendent les résultats d'un audit des actifs du secteur bancaire, en principe le 18 janvier. Selon les résultats provisoires, les besoins de capitaux seraient situés entre 7,3 et 10 milliards d'euros.

Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, a exclu pour sa part toute décote sur la dette.

"Une décote n'est pas une option pour nous", dit-il dans un entretien publié vendredi par le journal allemand Handelsblatt.

Sarah Carlson, analyste crédit de Moody's, estime que la probabilité d'un défaut de l'Etat chypriote est désormais plus élevée, notamment que Nicosie pourrait également plaider "pour un échange de dette à prix cassés".

La probabilité d'un défaut est désormais d'environ 50%, ajoute-t-elle, tout en soulignant qu'une telle extrémité n'était pas le scénario de base retenu par Moody's.

Gareth Jones et Caryn Trokie, Benoît Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Angrand

par Michele Kambas et Gareth Jones