(Reuters) - Le républicain Donald Trump, victorieux mercredi de l'élection présidentielle américaine au détriment de la vice-présidente démocrate sortante Kamala Harris, a promis durant la campagne d'ouvrir des enquêtes ou des procédures judiciaires contre un éventail de personnes qu'il a dit considérer comme hostiles.
Rivaux politiques, procureurs ou encore Américains de gauche: tour d'horizon de ceux dans le collimateur de Donald Trump avant son retour à la Maison blanche.
RIVAUX POLITIQUES
Entre sa défaite électorale de 2020, qu'il n'a pas reconnue, et sa victoire quatre ans plus tard pour revenir au pouvoir, Donald Trump a appelé à l'ouverture d'enquêtes visant son rival de l'époque, Joe Biden, et sa vice-présidente Kamala Harris, devenue au cours de l'été la candidate des démocrates.
Donald Trump a aussi exprimé la nécessité d'enquêter sur l'ancien président démocrate Barack Obama, locataire de la Maison blanche de janvier 2009 à janvier 2017, et sur l'ancienne élue républicaine Liz Cheney, l'une des rares figures de premier plan du parti à s'être opposée à Donald Trump. Liz Cheney a notamment apporté cette année son soutien à Kamala Harris.
Au cours d'un rassemblement de campagne en septembre en Pennsylvanie, l'un des sept Etats "pivots" ("Swing States") considérés comme cruciaux dans la course à la Maison blanche, Donald Trump a accusé Kamala Harris d'être responsable de "la plus grande histoire criminelle de notre époque", en référence aux traversées clandestines de la frontière sud du pays - des flux de migrants survenus aussi bien sous l'administration Trump que sous l'administration Biden.
"Elle doit être destituée et poursuivie en justice pour ses actions", a-t-il alors déclaré, reprochant à la vice-présidente d'avoir échoué dans sa mission de sécuriser la frontière avec le Mexique, même si Joe Biden ne l'a pas formellement chargée de cette question.
Via son réseau social Truth, qu'il a créé après que son compte Twitter a été suspendu à la suite de messages jugés inappropriés au jour de l'attaque contre le Capitole en janvier 2021 (Elon Musk, qui a racheté depuis le réseau social et l'a rebaptisé X, a levée cette interdiction), Donald Trump a demandé que des tribunaux militaires jugent Liz Cheney et Barack Obama.
Lors de sa première campagne présidentielle, en 2016, Donald Trump a régulièrement appelé à des poursuites judiciaires contre sa rivale démocrate à l'époque, Hillary Clinton. Interrogé en octobre dans un entretien à la radio, il a dit s'être ravisé une fois arrivé à la Maison blanche et s'être assuré que Hillary Clinton ne soit pas traduite devant la justice "parce que cela aurait donné une très mauvaise impression".
MANIFESTANTS
Devant les manifestations pro-palestiniennes dans des campus universitaires à travers le pays pour protester contre l'offensive militaire d'Israël dans la bande de Gaza, Donald Trump a déclaré en juillet à la chaîne de télévision Fox News que quiconque profanait le drapeau américain devait être emprisonné pendant un an.
"Les gens vont dire: 'Oh, c'est anticonstitutionnel'. Ceux qui disent ça sont des gens stupides", a-t-il ajouté, exprimant le désir de travailler avec le Congrès pour prévoir de telles peines de prison.
Il a aussi déclaré qu'il arrêterait les "voyous pro-Hamas" coupables d'actes de vandalisme, en référence semble-t-il aux étudiants contestataires.
SECTEUR DE LA "TECH"
Pendant la campagne, Donald Trump s'est montré critique à l'égard de Google et de Mark Zuckerberg, le patron de Meta (maison-mère du réseau social Facebook), leur reprochant ce qu'il a décrit comme des interférences électorales numériques.
Il a accusé Meta d'avoir supprimé des contenus qui auraient pu nuire à Joe Biden en vue du scrutin présidentiel de 2020 et a critiqué les dons effectués par Mark Zuckerberg pour renforcer les infrastructures électorales.
"Nous le surveillons de près", a dit Donald Trump à propos du patron de Meta. "S'il fait encore quelque chose d'illégal, cette fois-ci il passera le reste de sa vie en prison", a-t-il ajouté dans un livre dit "de table basse" publié récemment.
Mark Zuckerberg n'a pas répondu publiquement aux menaces de Donald Trump, dont il a par ailleurs souligné l'attitude de "dur à cuire" lors de la tentative d'assassinat l'ayant visé le 13 juillet lors d'un meeting de campagne en Pennsylvanie. Zuckerberg n'a pas apporté de soutien public à l'un des candidats à l'élection présidentielle.
S'agissant de Google, propriété du géant technologique Alphabet, Donald Trump a menacé d'ordonner au département américain de la Justice d'enquêter sur le groupe pour avoir "seulement révélé et montré de mauvaises choses à propos de Donald J. Trump", comme il l'a écrit récemment dans un message sur son réseau social Truth. "Je vais demander des poursuites, aux échelons les plus élevés, si je gagne l'élection".
Le républicain n'a pas apporté de preuve de ses dires à propos de Google.
Aucun commentaire n'a été obtenu auprès de l'entreprise.
PROCUREURS
Donald Trump et ses alliés républicains ont répété leur envie de poursuivre en justice, de limoger ou d'emprisonner des procureurs à la tête d'enquêtes contre l'ancien magnat de l'immobilier.
Dans un entretien publié en avril dernier par le magazine Time, Donald Trump a déclaré que tout procureur refusant de suivre ses ordres de poursuivre en justice une tierce personne risquerait d'être démis de ses fonctions. "Cela dépendra de la situation", a-t-il dit.
Il a également exprimé son intention de limoger Jack Smith, le procureur fédéral à la tête de l'enquête pénale portant sur les tentatives du républicain pour faire inverser les résultats électoraux de 2020 et sur les documents classifiés qu'il aurait emportés de manière illicite à la fin de son premier mandat.
En avril 2023, dans un discours prononcé après qu'Alvin Bragg, le procureur du district de Manhattan, a obtenu d'un jury qu'il inculpe au pénal Donald Trump - une première dans l'histoire pour un ancien président américain -, Donald Trump a nié toute inconduite et reproché à Alvin Bragg d'être "le criminel".
"Il doit être poursuivi en justice ou, au minimum, il doit démissionner", a-t-il dit à l'époque.
Steve Bannon, allié de Donald Trump et voix influente du mouvement MAGA ("Make America Great Again", slogan de campagne emblématique du républicain), a appelé à l'emprisonnement d'Alvin Bragg.
(Rédigé par Alexandra Ulmer, avec Tom Hals; version française Jean Terzian, édité par Kate Entringer)
par Alexandra Ulmer