L'Inde entend renforcer les règles relatives à l'examen des fusions et acquisitions dans le cadre d'une proposition de loi qui pourrait toucher particulièrement les entreprises technologiques mondiales qui y font beaucoup d'affaires.

La proposition fait partie d'une refonte de la loi indienne sur la concurrence dans un projet de loi qui a été introduit au parlement vendredi et qui pourrait être adopté dès la semaine prochaine.

Selon la loi actuelle, la Commission de la concurrence de l'Inde (CCI) examine les fusions et acquisitions qui dépassent les seuils d'actifs ou de chiffre d'affaires.

Mais de nombreuses transactions de grande valeur entre des entreprises technologiques très présentes en Inde ont échappé à l'examen parce que les entreprises concernées y avaient peu d'actifs et un faible chiffre d'affaires.

L'acquisition de WhatsApp par Facebook en 2014 pour 19 milliards de dollars, par exemple, n'a pas nécessité d'autorisation de la CCI, même si WhatsApp comptait l'Inde comme un marché important, selon les avocats.

Le projet de loi propose que toutes les transactions d'une valeur supérieure à 20 milliards de roupies (250 millions de dollars) soient soumises à un examen antitrust si les entreprises ont des activités commerciales importantes en Inde.

"Le test de la valeur de l'opération, qui a fait l'objet d'un vif débat, vise à attirer l'attention sur les transactions où les parties n'atteignent pas les seuils conventionnels d'actifs et de chiffre d'affaires, en particulier dans le domaine de la technologie", a déclaré Anisha Chand, associée spécialisée dans le droit antitrust au cabinet d'avocats indien Khaitan & Co.

"S'il est adopté sous sa forme actuelle, l'amendement entrant pourrait vraisemblablement entraîner une augmentation du nombre de transactions, en particulier sur les marchés de la nouvelle ère, nécessitant une autorisation préalable", a-t-elle ajouté.

Le seuil de la valeur de la transaction pour l'examen est conforme aux réglementations antitrust en Allemagne et en Autriche, a déclaré la société de conseil en politique publique Koan Advisory dans une note vendredi.

La CCI n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Les nouvelles réglementations de la CCI définiront le processus permettant de déterminer si une entité a des "opérations commerciales substantielles" en Inde, selon le projet de loi, qui est daté du 2 août.

Dans le cadre de la refonte du droit de la concurrence, le gouvernement propose également de réduire le délai d'approbation des fusions de 210 à 150 jours.

En outre, il prévoit d'introduire un mécanisme pour les entités qui cherchent à trouver un accord avec la CCI, indique le projet de loi. (Reportage d'Aditya Kalra et Abhirup Roy ; édition de Bradley Perrett et Mark Potter)