Finalement, L’Oréal le vaut bien

Cette performance solide a été bien accueillie par le marché, portant le titre à plus de 2% en performance journalière. Un accueil d'autant plus chaleureux que les analystes craignaient une mauvaise surprise, après une série de déclarations prudentes dans le secteur. 

Des résultats qui rassurent

L’Oréal enregistre un chiffre d’affaires de 22,12 milliards d’euros au premier semestre, en hausse de 7,5% sur un an, en ligne avec les prévisions des analystes. La rentabilité suit cette tendance positive, avec un résultat d'exploitation (EBIT) en hausse de 8%, pour une marge opérationnelle de 20,8%. Le bénéfice net s'est apprécié de 8,8%, atteignant 3,65 milliards d'euros. 

Cette performance est en partie attribuable à une stratégie gagnante pour ses produits grand public (38% du CA). L'entreprise a su répondre à la demande en combinant démocratisation et montée en gamme de ses marques, ce qui a permis à cette division d'afficher une croissance de 9%. D’autre part, le groupe a su tirer profit de son pricing power, répercutant habilement les augmentations de couts sur ses clients. 

La division de luxe (34% du CA) enregistre une hausse de 4%, soutenue par une forte demande pour ses parfums et produits de maquillage de marques prestigieuses (Yves Saint Laurent, Valentino, Maison Margiela et Prada), où les récents produits ont été bien accueillis. La dynamique des ventes a été particulièrement forte en Europe, son plus gros marché (33% du CA), ainsi qu'en Amérique du Nord (26% du CA) et dans les marchés émergents (8,5% du CA), compensant le recul en Chine.

En revanche, l’activité en Chine a été particulièrement bonne pour les produits dermatologiques (17% du CA), conçus pour les peaux fragiles. Le groupe affiche une performance de 16,4% et une croissance à deux chiffres dans tous ses marchés, malgré le ralentissement économique. Ce succès est le fruit des efforts soutenus en R&D et du succès de ces marques CeraVe et La Roche-Posay.

Dans la division “Produits professionnels” (11% du CA), destinée aux salons de coiffure et autres établissements professionnels, affiche une croissance de 5% sur un an, grâce à l'expansion de son portefeuille de produits capillaires.

Perspectives et attentes 

Pour continuer sur sa lancée, L’Oréal envisage de lancer de nouveaux produits à plus haute valeur ajoutée, notamment : Un appareil de soin du visage “Renergie Nano-Surfacer”, un outil de diagnostic de peau “Derma-Reader”, un appareil d’analyse de santé capillaire “My Hair Reader”, ainsi qu’un assistant personnel de beauté dopé à l’IA “Beauty Genius”. De plus, elle prévoit de valoriser davantage ses actionnaires en rachetant pour 500 millions d'euros d'actions au cours du second semestre, en complément de son payout ratio qui avoisine les 60%.

Avec cette ambition renouvelée, et dans l'attente d'un climat économique plus favorable, notamment en Chine où le potentiel de croissance est considérable, la reprise boursière semble imminente. Son modèle d’affaire unique axé sur la diversification et l'innovation dans un marché hautement concurrentiel a déjà fait ses preuves avec brio, lui permettant de s'octroyer une part de marché mondiale de 20% dans la cosmétique. D’autre part, sa trajectoire de croissance dépassant celle du marché, combinée à une génération de revenus en cash à 17% - excellente compte tenu de la taille de son portefeuille - et un faible endettement, justifient son positionnement et sa valorisation élevée. Comme en témoigne son multiple EV/EBITDA à x20, le plus haut de son secteur.