Jamie Dimon était jusqu'à présent parvenu à maintenir les comptes dans le vert malgré la crise financière et la récession grâce à la faible exposition du groupe aux crédits immobiliers "subprime". Mais désormais les problèmes juridiques, réglementaires, voire judiciaires pèsent de tout leur poids sur les résultats.

Le troisième trimestre se solde ainsi par une perte nette de 380 millions de dollars, soit 0,17 dollar par action, la première depuis le deuxième trimestre 2004. Sur la période correspondante l'an dernier, JPMorgan avait enregistré un bénéfice net de 5,71 milliards (1,40 dollar par action).

Hors frais juridiques et autres éléments exceptionnels, le groupe affiche un bénéfice de 5,82 milliards de dollars, soit 1,42 dollar par action.

Le consensus Thomson Reuters I/B/E/S anticipait un BPA de 1,17 dollar sans qu'il puisse être établi dans l'immédiat si ce montant est comparable au bénéfice courant publié.

Les frais juridiques ont atteint 9,2 milliards de dollars au troisième trimestre, soit 7,2 milliards après impôts. Ils incluent les provisions passées pour couvrir de futurs accords amiables éventuels.

Au total, la banque a désormais mis en réserve un montant total de 23 milliards de dollars pour couvrir de tels accords, des amendes et d'autres dépenses juridiques.

La banque prévoit que ses frais juridiques diminuent et reviennent à la normale avec le temps, mais Jamie Dimon a indiqué qu'ils pourraient rester volatils pendant encore un an ou deux.

L'HÉRITAGE COÛTEUX DE BEAR STEARNS ET WASHINGTON MUTUAL

Parmi les faits visés par les procédures judiciaires ou réglementaires impliquant JPMorgan figurent des soupçons de corruption liés au recrutement de fils et filles de dirigeants d'entreprises publiques chinoises, des soupçons de fraude lors de la vente de titres hypothécaires ou encore le rôle de la banque dans le dossier de manipulation des taux interbancaires Libor.

Le mois dernier, le groupe a tenté de conclure un accord amiable avec la justice américaine et d'autres autorités fédérales ou d'Etat américaines sur le dossier des crédits immobiliers. Jamie Dimon a rencontré le 25 septembre à Washington le ministre de la Justice Eric Holder dans le cadre de ces discussions, sans parvenir à conclure un accord.

Certains des dossiers en suspens concernent Washington Mutual et Bear Stearns, deux banques rachetées par JPMorgan en 2008 alors qu'elles étaient au bord de la faillite.

A l'époque, les autorités fédérales avaient incité JPMorgan à reprendre ces deux établissements, un fait auquel Jamie Dimon fait allusion dans le communiqué de vendredi en disant souhaiter un accord amiable "qui reconnaisse les circonstances extraordinaires des opérations Bear Stearns et Washington Mutual, réalisées à la demande et avec les encouragements du gouvernement américain".

Interrogés par la chaîne de télévision CNBC il y a quelques jours, Hank Paulson, qui était secrétaire au Trésor en 2008, a déclaré que JPMorgan avait repris Bear Stearns et Washington Mutual en sachant qu'il aurait à assumer des responsabilités juridiques. "Jamie savait cela à l'époque", a-t-il dit.

En Bourse, l'action JPMorgan affichait jeudi soir une hausse de 19,45% depuis le début de l'année, alors que l'indice KBW des valeurs bancaires gagne 23,44%.

Marc Angrand pour le service français, édité par Dominique Rodriguez

par David Henry