Le chiffre d'affaires du quatrième trimestre de l'exercice fiscal qui s'achève atteint un niveau inédit. La croissance organique dépasse 10%, et la croissance du segment digital 20%. Les ventes du segment publicité analogique sont elles aussi en hausse, quoique à un rythme bien sûr moins soutenu.
Impressionnante, cette expansion doit être replacée dans le contexte d'une reprise laborieuse suite à l'hiver nucléaire causé par le Covid. Celui-ci mit un coup dur aux activités de JCDecaux, avec des audiences en chute de plus de 90% sur certains marchés et une désertion complète des annonceurs.
Le développement de la plate-forme de publicité programmatique VIOOH — la plus profitable des activités du groupe, et le pivot stratégique de sa future expansion — commande en revanche une satisfaction sans réserve : la croissance du segment atteint 63% en 2023 et représente désormais 8% du chiffre d'affaires consolidé.
Le sujet de la publicité programmatique en extérieur a toujours crispé les annonceurs car la mesure de l'efficacité y est très imparfaite. Les dernières innovations technologiques ont néanmoins amélioré la visibilité, si bien que la majorité des spécialistes s'accordent sur des perspectives de croissance annuelle de 5% à 7% dans ce domaine.
Les annonces de JCDecaux diffusées hier ne concernaient que le chiffre d'affaires. Le détail des comptes et de la performance de chaque segment sera publié le 7 mars prochain. Il va sans dire que celui-ci est très attendu, en particulier pour évaluer le potentiel de VIOOH.
Le groupe familial français n'est pas un sujet facile à traiter pour les journalistes financiers. Ses comptes sont difficiles à déchiffrer et, si on ne peut que saluer sa culture d'entreprise et la qualité de sa gestion, on ne peut non plus omettre de mentionner les fondamentaux parfois ingrats de l'activité.
JCDecaux, après tout, ne s'est développé qu'à un rythme de croissance annualisé de 4.2% au long des deux dernières décennies. Malgré un levier financier important, sa rentabilité comme sa capacité à retourner du capital à ses actionnaires sont restées modestes sur la période.
Le cours de son action est en janvier 2024 exactement au même niveau que vingt ans plus tôt. JCDecaux réalisait à l'époque un chiffre d'affaires deux fois inférieur mais un profit d'exploitation comparable ; il est donc à souhaiter que le groupe renoue avec la très forte expansion de ses profits qui caractérisait les trois années précédant la pandémie et ses débuts dans la publicité programmatique.
Les investisseurs, on le voit, demeurent sceptiques. Avant le Covid, JCDecaux était valorisé en bourse entre trente et trente-cinq fois les profits, tandis que les niveaux actuels oscillent plutôt autour de vingt fois les profits.
La reprise de la distribution de dividendes et la confirmation d'une expansion profitable dans les services de publicité programmatique seront à ne pas en douter les deux facteurs "catalyseurs" d'une expansion du multiple de valorisation.
Zonebourse sera donc au rendez-vous le 7 mars prochain pour commenter le détail de la dynamique opérationnelle du groupe.