(Actualisé avec citations, contexte)

par Steve Holland

WASHINGTON, 13 juin (Reuters) - Barack Obama a déclaré vendredi qu'il lui faudrait quelques jours pour évaluer les options à la disposition des Etats-Unis afin de venir en aide aux autorités irakiennes face à la progression des djihadistes sunnites de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).

"Les Etats-Unis ne vont simplement pas s'engager dans une action militaire en l'absence de plan politique émanant des Irakiens qui nous fournira l'assurance qu'ils sont prêts à travailler ensemble", a dit le président américain.

Obama a clairement spécifié qu'il n'était pas question pour lui d'envoyer des troupes au sol. "Nous ne renverrons pas de troupes américains au combat en Irak, mais j'ai donné instruction à mon équipe de sécurité nationale de préparer une série d'autres options qui pourraient soutenir les forces irakiennes de sécurité et je les passerai en revue dans les jours à venir."

La veille, le président américain n'avait pas repoussé l'idée de procéder à des frappes aériennes.

Vendredi, il s'est contenté d'indiquer qu'il voulait examiner les rapports des services de renseignement sur la situation en Irak. "Nous voulons nous assurer d'avoir réuni tous les renseignements nécessaires de sorte que si j'ordonne d'éventuelles actions, celles-ci soient ciblées, précises et efficaces", a-t-il dit.

Obama, qui aura des consultations avec des dirigeants étrangers tout au long du week-end, a par ailleurs redit que la menace des djihadistes de l'EIIL représentait un danger pour l'Irak mais aussi, potentiellement, pour les Etats-Unis.

"C'est un problème régional et ce sera un problème de longue durée. Nous allons devoir combiner des opérations sélectives de notre armée afin de faire en sorte que nous pourchassions des terroristes qui pourraient nuire à nos soldats à l'étranger, voire éventuellement frapper sur notre territoire", a-t-il dit.

Attaqué sur le front intérieur par les républicains, Obama a indiqué qu'il consulterait le Congrès.

UN LUXE QU'ON NE PEUT SE PERMETTRE

Les républicains, qui sont majoritaires à la Chambre des représentants, ont critiqué l'incapacité du président démocrate à négocier un accord avec les autorités irakiennes qui aurait permis le maintien d'un nombre limité de soldats américains après le retrait de fin 2011.

Ils ont aussi déploré l'inaction de Washington depuis le début de la semaine. "Que fait le président ? Il fait la sieste", a ainsi lancé jeudi John Boehner, le président de la Chambre des représentants.

"Ecoutez, les Etats-Unis ont versé beaucoup d'argent pour les forces irakiennes de sécurité", a répliqué Obama. Depuis 2011, Washington s'est engagé à débloquer 15 milliards de dollars d'équipements militaires pour le gouvernement irakien, dont une grande partie n'a cependant pas encore été livrée.

John McCain, adversaire malheureux de Barack Obama en 2008 a de son côté dit à Reuters que le temps de réflexion que s'accorde le président américain est un "luxe qu'on ne peut pas se permettre, les événements allant beaucoup trop vite."

Les principales critiques formulées à l'encontre de Barack Obama émanent souvent de ceux qui attaquaient déjà son inaction en Syrie, où il avait condamné la répression menée par le régime de Damas avant de renoncer aux frappes aériennes qu'il avait un temps menacé de lancer.

Il doit désormais faire face à trois défis en Irak.

Le premier est de prendre des mesures rapides pour stopper l'avancée des djihadistes sunnites de l'EIIL afin de les empêcher de s'emparer de l'Irak et d'en faire une base arrière d'où partiront des attaques vers l'extérieur qui pourraient cibler des intérêts américains.

De telles mesures s'inscriraient dans la ligne définie le mois dernier par le président américain à l'académie militaire de West Point où il a expliqué que les Etats-Unis emploieraient la force lorsque leurs intérêts seront menacés. (voir )

A moyen-terme, les Etats-Unis doivent également s'assurer que l'Irak ne replonge pas dans une guerre civile opposant chiites et sunnites.

A plus long terme, il doit enfin convaincre les alliés de l'Irak se s'inscrire dans un processus visant à maintenir l'unité du pays et persuader le Congrès de voter en faveur d'un plan de 5 milliards de dollars pour financer la lutte contre le terrorisme.

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L'Iran n'exclut pas de coopérer avec les USA sur l'Irak (Avec Roberta Rampton,; Henri-Pierre André et Nicolas Delame pour le service français)