par Alexandria Sage et Sharon Bernstein

LAS VEGAS, Nevada, 5 octobre (Reuters) - La compagne du tueur de Las Vegas, interrogée par le FBI, a déclaré mercredi qu'elle ignorait tout du projet macabre de son conjoint, par le biais de son avocat.

Considérée comme l'unique "personne d'intérêt" dans l'enquête sur la fusillade la plus meurtrière de l'histoire des Etats-Unis, Marilou Danley, une Australienne de 62 ans, est arrivée mercredi à Los Angeles depuis les Philippines, où elle rendait visite à des membres de sa famille.

"Il n'a jamais rien dit, ou fait, à ma connaissance, qui fasse penser en quoi que ce soit à un avertissement que quelque chose d'horrible (...) allait se produire", a-t-elle déclaré dans un communiqué lu à des journalistes par son avocat.

"Cela ne m'a jamais effleuré l'esprit, de quelque manière que ce soit, qu'il préparait une action violente contre quiconque", a-t-elle ajouté.

Son avocat, Matt Lombard, a assuré qu'elle "coopérait pleinement" avec le FBI et la police de Las Vegas.

Embusqué depuis une chambre d'hôtel au 32e étage, Stephen Paddock, un retraité de 64 ans qui avait amassé une quarantaine d'armes, a tué 58 personnes et en a blessé plus de 500 autres dimanche soir, dans un concert en plein air à Las Vegas.

Il s'est ensuite donné la mort avant l'arrivée de la police qui, pour l'instant, n'a pas établi les motifs de son geste.

Les enquêteurs, qui n'ont pour le moment trouvé aucune trace de sa complicité, ont notamment interrogé Danley sur un virement de 100.000 dollars passé par Paddock vers les Philippines avant l'attaque, et l'ont questionné sur un éventuel changement de comportement de son conjoint.

Danley a expliqué dans un communiqué que Paddock lui avait acheté un billet d'avion pour rendre visite à sa famille dans les Philippines et lui avait envoyé de l'argent pour y acheter un bien immobilier. Elle pensait qu'il s'apprêtait à rompre avec elle, a-t-elle ajouté.

L'ENQUÊTE AVANCE, DIT TRUMP

Donald Trump a loué mercredi à Las Vegas le courage des survivants du massacre qui ont risqué leur vie pour venir en aide à d'autres victimes alors que les balles continuaient à siffler.

Après cette tuerie, la première depuis que Donald Trump est arrivé à la Maison blanche, le président devait trouver les mots pour réconforter une Amérique traumatisée.

Le président, qui s'était érigé en farouche défenseur du deuxième amendement de la Constitution lors de sa campagne électorale, a dit à plusieurs reprises depuis la fusillade de Las Vegas que le moment n'était pas "opportun" pour légiférer sur le contrôle des armes à feu, un droit auquel ses électeurs sont attachés.

"Nous cherchons très, très dur", à comprendre qui était cet homme apparemment sans histoire, a déclaré Donald Trump, selon lequel "beaucoup de choses" ont déjà été découvertes par les enquêteurs.

"Cela sera annoncé en temps voulu", a-t-il ajouté, après avoir qualifié le tireur de malade et de dément.

Depuis son investiture, Donald Trump a peiné à apparaître comme le chef d'Etat bienveillant, consolateur et fédérateur vers lequel un pays se peut tourner en cas de drame ou de tragédie.

Lors des violences à Charlottesville, en Virginie, ses interventions et ses hésitations à condamner les manifestants de l'extrême droite (alt right) n'avaient fait qu'attiser les critiques et les rancoeurs.

De même, les propos tenus lors de sa visite à Porto Rico, affirmant que l'île dévastée par l'ouragan Maria pouvait s'estimer heureuse, ont fait douter les observateurs de sa capacité à éprouver de l'empathie et à apporter les réponses attendues de sa fonction.

Après la tuerie de Las Vegas, il a observé une minute de silence et a ordonné que les drapeaux soient mis en berne. Pour lui, ce massacre est "un acte purement diabolique".

(Avec Steve Holland; Pierre Sérisier, Tangi Salaün et Julie Carriat pour le service français)