Avant même l'annonce du besoin de capitaux des banques du pays, publiques pour la plupart, le gouvernement slovène avait répété à plusieurs reprises qu'il était en mesure de le combler seul.

Ces derniers mois, la Slovénie -qui était autrefois un havre de prospérité et de stabilité dans les Balkans- a souvent été présentée comme un nouveau candidat à l'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI), à laquelle la Grèce, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne et Chypre ont eu recours.

Selon le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, le résultat des bilans de santé passés par les banques montre que Ljubljana ne sollicitera pas une aide internationale.

"Aujourd'hui, il est clair que la Slovénie peut aller de l'avant avec la remise en état de son secteur financier sans devoir se tourner vers ses partenaires européens pour une demande d'aide", déclare-t-il dans un communiqué.

Lundi, le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, avait dit que la Slovénie avait rassuré les autres membres de la zone euro sur sa capacité à secourir seule son système bancaire.

Le rendement des emprunts d'Etat slovènes à 10 ans a reculé de 27 points de base après l'annonce des résultats des tests bancaires, tombant à 5,34%, un plus bas de près de neuf mois.

Les établissements financiers slovènes ont près de huit milliards d'euros de créances douteuses, somme qui représente près du quart du produit intérieur brut (PIB) du pays.

Deux sources avaient déjà dit à Reuters la semaine dernière que le gouvernement slovène allait devoir trouver quelque cinq milliards d'euros pour remettre ses banques à flot.

Des responsables européens avaient alors ajouté que Ljubljana devrait pouvoir rassembler cette somme sans aide internationale.

FEU VERT PARLEMENTAIRE

Les seules trois premières banques slovènes, toutes publiques, ont besoin de 3,12 milliards d'euros de capitaux frais, a précisé le gouverneur de la banque centrale Bostjan Jazbec.

Nova Ljubljanska Banka (NLB), Nova KBM et Abanka Vipa recevront un total de 2,1 milliards d'euros en numéraire, lèveront 441 millions d'euros supplémentaires en imposant des pertes à des créanciers obligataires subordonnés et obtiendront 905 millions d'euros sous forme de titres de dettes garantis par l'Etat, selon des documents publiés par le gouvernement.

Ces trois banques, qui affichent des ratios de fonds propres parmi les plus faibles en Europe, ont accusé ensemble une perte de 390 millions d'euros sur les neuf premiers mois de l'année.

Le gouvernement a donné à cinq établissements plus petits jusqu'au mois de juin pour lever 1,1 milliard sur le marché des capitaux.

Mardi, la banque centrale du pays avait déclaré que la recapitalisation des banques se ferait "très rapidement".

Le gouvernement a déjà reçu le feu vert du Parlement pour recapitaliser les banques à hauteur de 4,7 milliards d'euros.

CAPITALISME DE COPINAGE

Si la Slovénie évite le pire dans l'immédiat, bon nombre d'économistes pensent que le pays n'échappera pas à une crise sévère en raison de la nécessité d'adapter ses structures économiques.

La Slovénie, dont le produit intérieur brut (PIB) a baissé de 11% depuis 2008, devrait rester en récession jusqu'en 2015, une situation qui pourrait provoquer des mouvements de protestation.

Plusieurs milliers de Slovènes qui ont investi leurs économies dans des obligations des banques du pays redoutent de perdre de l'argent lors de la recapitalisation du secteur.

En mai dernier, afin de rassurer ses partenaires européens sur sa capacité à surmonter seul la passe difficile dans laquelle il se trouve, le gouvernement avait annoncé un vaste programme de privatisations et un relèvement de la TVA.

Plus de la moitié de l'économie du pays est encore aux mains de l'Etat via un complexe réseau de participations qui remonte jusqu'aux principales banques du pays, entretenant un capitalisme de copinage.

Avec un taux de chômage qui s'élève déjà à plus de 12% et qui devrait encore augmenter, la Slovénie veut toutefois éviter une cure d'austérité trop radicale, échaudée par l'exemple grec.

Peu après son adhésion à la monnaie unique en 2007, l'ex-République yougoslave, qui compte deux millions d'habitants, était rapidement devenue le membre de la zone euro affichant le taux de croissance le plus élevé, grâce à des exportations de voitures, d'électroménager ou encore de produits pharmaceutiques.

Mais la crise financière de 2007-2009 et le brutal ralentissement économique mondial qui s'en est suivi a entraîné une chute de la demande pour les exportations du pays et un gonflement des créances douteuses.

Benoit Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Joanny

par Matt Robinson et Laura Noonan