Genève (awp) - J.P. Morgan (Suisse) a gravement enfreint les dispositions en matière de lutte contre le blanchiment d'argent dans le cadre du scandale de corruption 1MDB. La filiale de la grande banque américaine n'a pas procédé à des clarifications suffisantes dans ses relations d'affaires et transactions enregistrées en Suisse avec le fonds souverain malaisien, indique jeudi l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), qui renonce toutefois à prendre des sanctions.

Contacté par AWP, J.P. Morgan (Suisse) n'a pas souhaité commenter l'information.

Dans son communiqué, la Finma évoque des risques de blanchiment d'argent mal identifiés. Pour certaines relations d'affaires, l'établissement bancaire a certes reconnu des clients comme des personnes politiquement exposées (PPE), sans toutefois assurer un contrôle adéquat par la suite.

J.P. Morgan s'est satisfait de "d'informations parfois incomplètes ou incohérentes de la part de ses clients, sans les clarifier de manière approfondie ou les documenter." Certaines alertes générées par le système de contrôle ont été closes sur la base d'informations insuffisantes ou peu plausibles, affirme le gendarme financier.

Ce dernier pointe également du doigt des transactions non vérifiées, pour des montants très importants. Le communiqué cite l'exemple d'un versement de plusieurs centaines de millions de dollars dont une partie a transité sur un compte, sans que la banque ne questionne le moyen de procéder ou le but économique avéré de l'argent.

LA FINMA MÈNE UN AUDIT

Etant donné les violations graves soulevées par la Finma, un audit sera mené par l'autorité pour vérifier le système de contrôle de la banque contre le blanchiment.

J.P. Morgan a bien collaboré à l'enquête et n'écope ainsi d'aucune sanction monétaire ou de restriction commerciale, selon le communiqué. Aucune procédure n'a été ouverte à l'encontre de personnes physiques.

La Finma a mené entre 2016 et 2017 une procédure dite d'"enforcement" à l'encontre de la filiale suisse de J.P. Morgan, dont le siège est à Genève. La décision, qui n'a pas fait l'objet d'un recours, est définitive et exécutoire, précise le gendarme financier.

Le scandale de corruption du fonds souverain malaisien 1MDB a mené la Finma à ouvrir sept procédures d'enforcement, dont une seule est encore pendante. Dans d'autres cas que celui de J.P. Morgan, l'autorité a pris des sanctions, allant de la dissolution de la banque à des confiscations de gains, en passant par le retrait de l'autorisation d'une fiduciaire.

Certaines personnes ont été interdites d'exercer une position dirigeante dans le secteur financier.

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