Genève (awp) - Le groupe bancaire genevois Lombard Odier a pâti au premier semestre de la mauvaise tenue des marchés financiers. Les nouveaux afflux des clients ont néanmoins compensé la baisse, indique jeudi Lombard Odier. Recettes et bénéfice ont pris l'ascenseur.

Un équilibre s'est instauré entre des apports nets de 3 milliards de francs suisses d'un côté et l'impact négatif de la performance des marchés de l'autre. "Je pense que nous avons bien géré les chocs du marché dans un contexte plus difficile que celui de l'an dernier", a indiqué à AWP Patrick Odier, associé-gérant senior.

Lombard Odier a par ailleurs cédé ses activités aux Pays-Bas de gestion de fortune privée à KBL. Le marché néerlandais n'était pas prioritaire en termes de croissance, selon le banquier genevois.

A fin juin, les actifs de la clientèle affichaient le même niveau que six mois auparavant, soit 274 milliards de francs suisses. Au 1er semestre 2017, les entrées nettes d'argent avaient atteint 2 milliards de francs suisses.

Par ligne de métier, la clientèle privée contribuait à fin juin à hauteur de 167 milliards de francs suisses à l'ensemble des actifs, avec des apports nets sur les six premiers mois de l'année. "Nous sommes dans la cible de croissance de 3-5% par an, en ligne avec le reste de l'industrie", précise Patrick Odier. Cet objectif est atteint pour la gestion institutionnelle, qui affichait 48 milliards.

Les services technologiques - soit la commercialisation de la plateforme informatique maison - présentaient des actifs de 59 milliards, stables par rapport à fin décembre. Le statu quo est trompeur, selon M. Odier. Un nouveau client pourrait être transféré cette année encore sur le système Lombard Odier, impliquant une progression du volume d'affaires à ce moment-là.

L'établissement a amélioré ses principaux indicateurs opérationnels. Le produit d'exploitation s'est étoffé de 10% sur un an, à 592 millions de francs suisses. Cette augmentation s'explique par "des actifs sous gestion plus élevés et (...) une activité clientèle plus soutenue", précise le groupe.

Les charges sont "sous contrôle" assure la banque qui continue à réduire ses coûts.

Bénéfice dopé par la vente d'immeubles

Le bénéfice net a été presque multiplié par trois, à 205 millions. Cette envolée s'explique par la cession des activités néerlandaises et la vente de cinq biens immobiliers à Genève. Hors éléments non récurrents, le résultat s'est fixé à 80 millions, ce qui représente malgré tout une hausse de 16%.

En termes de capitalisation, le ratio de fonds propres durs (CET1) est resté stable à 26,5% par rapport à fin décembre. Les fonds propres ont bondi de 20% à 1,24 milliard de francs suisses, pour une somme au bilan de 18,36 milliards (+9%). Le rendement des fonds propres annualisé s'est établi à 14,0%, amélioré de 1,3 point de pourcentage.

Pour la deuxième partie de l'année, Lombard Odier entend toujours jouer un rôle de consolidateur du marché, éventuellement par l'acquisition d'équipes. "Nous allons continuer à investir en Suisse, en particulier à Zurich", affirme Patrick Odier.

En 2015, Lombard Odier avait signé un accord avec le Département américain de justice (DoJ) afin de solder le litige fiscal, moyennant une amende de 99,8 millions de dollars. Cette affaire a ressurgi récemment.

La banque a dû s'acquitter début août d'un paiement supplémentaire de 5,3 millions de dollars (5,2 millions de francs suisses au cours actuel).

"Dans le cadre des exigences d'un programme de cette nature, la collecte d'informations est un processus très complexe qui s'étend sur quatre ans à dater de la signature de l'accord. Les informations évoluent, notamment en fonction de la situation des clients, ce qui peut nécessiter des ajustements. Ceux-ci ont été remarqués très rapidement chez nous et ont fait l'objet d'une auto-déclaration immédiate", explique M. Odier.

La performance 2018 de Lombard Odier ne sera pas ternie pour autant, le groupe ayant puisé dans ses provisions pour régler la somme.

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