ANKARA, 21 décembre (Reuters) - Le président turc Recep Tayyip Erdogan a jugé impertinent jeudi un ministre des Emirats arabes unis qui avait relayé sur Twitter des accusations voulant que l'armée ottomane ait pillé la ville sainte de Médine au cours de la Première Guerre mondiale.

Sans le nommer, le président turc a aussi qualifié d'"ignorant" le chef de la diplomatie des Emirats, le cheikh Abdallah ben Zaïed al Nahayan. Celui-ci avait relayé un tweet d'après lequel les troupes de l'Empire ottoman commandées par Fakhreddine Pacha avaient fait main basse sur des fonds et des manuscrits à Médine en 1916.

"Un impertinent s'abaisse jusqu'à accuser nos ancêtres de banditisme (...) Qu'est-ce qui a gâté cet homme ? C'est le pétrole, l'argent", a dit Erdogan lors d'une cérémonie de remise de décorations à son palais d'Ankara.

"Lorsque mes ancêtres défendaient Médine, vous, l'impudent, où étaient les vôtres ? Vous devez d'abord nous le dire", a ajouté le chef de l'Etat turc.

Le chargé d'affaires des Emirats arabes unis à Ankara a été convoqué au ministère des Affaires étrangères au sujet du tweet, a déclaré un fonctionnaire du ministère.

Les Emirats arabes unis (EAU), proches alliés des Etats-Unis, considèrent le parti d'Erdogan, l'AKP, comme un ami de forces islamistes auxquelles les EAU s'opposent dans le monde arabe.

Les relations se sont dégradées un peu plus en raison du soutien qu'Ankara a apporté au Qatar, pays auquel l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte ont imposé des sanctions en juin dernier en l'accusant de soutenir des organisations terroristes et de se rapprocher de l'Iran.

Deux mois plus tard, le cheikh Abdallah avait critiqué les opérations "coloniales" de la Turquie et de l'Iran en Syrie, et ce bien qu'Ankara comme les Emirats arabes unis soient hostiles au régime du président Bachar al Assad.

Médine, qui se trouve aujourd'hui en Arabie saoudite, faisait partie intégrante de l'Empire ottoman jusqu'à la fin de la Première Guerre mondiale.

Mercredi, Erdogan avait affirmé que Fakhreddine Pacha et ses hommes n'avaient pas volé de fonds à Médine mais qu'ils s'étaient au contraire efforcés de protéger la ville - où est enterré le prophète Mahomet - durant la guerre.

"Croyez-moi, cet homme qui nous a insultés, qui nous a manqué de respect, ne sait même pas ce que sont les saintes reliques. Il existe des ignorants, comme lui", a dit Erdogan. (Ece Toksabay; Eric Faye pour le service français)