La Bourse ne voit manifestement pas d'un bon oeil la nomination de Yannick Bolloré à la direction opérationnelle du groupe publicitaire Havas : à la Bourse de Paris, l'action perd 2,5% ce midi à 8,9 euros quand le CAC 40 progresse légèrement. Nombreux sont les analystes qui s'inquiètent de cette instabilité à la tête du groupe. Mais l'un d'eux estime aussi que l'intérêt spéculatif de Havas s'en trouve relancé.

Ainsi donc, Havas, dont le groupe de Vincent Bolloré est le principal actionnaire avec près de 37% du capital, a annoncé hier le départ de son directeur opérationnel, David Jones, qui tenait également la tête du réseau Havas Worldwide. La première de ces deux fonctions sera reprise par Yannick Bolloré, fils de Vincent et déjà PDG de Havas, et la seconde par Andrew Bennett.

Pour Société Générale, ce brusque remaniement 'accroît le profil de risque du groupe'. Les analystes rappellent que David Jones, qui a travaillé 15 années durant pour Havas, n'en avait pris les rennes opérationnelles qu'en 2011.

Selon eux, le profil de risque de Havas se dégrade : certes, 'le bilan de David Jones est mitigé : positif pour les marges, il l'est moins pour la croissance du chiffre d'affaires'. Mais au moins, David Jones 'était très proche des clients, alors que l'expérience des agences de Yannick Bolloré est encore récente'.

Société Générale ajoute que le départ de David Jones fait suite à celui du directeur financier, Hervé Philippe, parti le mois dernier pour Vivendi. Et aussi que la filiale américaine de Havas, lorsqu'Andrew Bennett en assurait la direction, avait connu une 'faible' dynamique.

Toujours à 'conserver' la valeur, l'objectif de cours du bureau d'études est de 6,8 euros.

Même de cloche du côté de HSBC, “neutre” sur la valeur avec une cible de 6,7 euros : selon eux, la démission de David Jones soulève nombre de questions dérangeantes, ainsi d'ailleurs que l'influence croissance de Vincent Bolloré au sein de Vivendi.

Enfin, AlphaValue rappelle lui aussi que Vincent Bolloré est actionnaire et vice-président de Vivendi. Le bureau d'études estime d'ailleurs que “cette nouvelle annonce va immanquablement soutenir la spéculation d'une éventuelle fusion (de Havas) avec Vivendi...”

En outre, que la nomination de Yannick Bolloré intervienne l'année où la fusion de Publicis et d'Omnicom devrait être finalisée “n'est pas un hasard”, selon AlphaValue : la constitution du géant publicitaire franco-américain risque effectivement de faire pression sur les marges des concurrents, comme Havas, et d'alimenter les spéculations sur d'autres rapprochements dans le secteur.

Le bureau d'études n'en conseille pas moins de “réduire” l'exposition à la valeur avec une cible de 5,96 euros.


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