Hans Lundbeck, le fondateur de la société en 1915, a d'abord été un négociant fournissant divers produits, dont du matériel photographique et des machines pour la fabrication de feuilles d'aluminium. Le virage vers le marché pharmaceutique interviendra plus tard avec le début des importations de médicaments et de cosmétiques : Lundbeck commence alors à produire ses propres médicaments.
Aujourd'hui, Lundbeck est un laboratoire pharmaceutique présent à l'international. L'entreprise réalise la moitié de son chiffre d'affaires aux États-Unis, un quart en Europe et un quart dans le reste du monde, notamment au Brésil, au Mexique, au Canada et en Australie.
La majorité du chiffre d'affaires (70 %) est générée par les "marques stratégiques" :
- Abilify Maintena / Abilify Asimtufii : une injection intramusculaire mensuelle pour le traitement de la schizophrénie et du trouble bipolaire chez l'adulte (16 % du chiffre d'affaires)
- Brintellix / Trintellix : destiné à soulager le trouble dépressif majeur (22 %)
- Rexulti / Rxulti : indiqué comme thérapie d'appoint chez les adultes souffrant de troubles mentaux majeurs, de schizophrénie ou de l'agitation associée à la démence due à la maladie d'Alzheimer (23 %)
- Vyepti : un traitement préventif de la migraine (8 %).
Le reste des ventes est réalisé grâce à des marques déjà matures ou tombées dans le domaine public. Parmi elles, on trouve, entre autres, Cipralex et Lexapro (11 % du chiffre d'affaires), destinés au traitement de la dépression. On trouve aussi des prescriptions pour l'hypotension, l'épilepsie, la maladie de Parkinson, la chorée, la psychose, etc.
En somme, Lundbeck réalise un chiffre d'affaires de 41,5 Mds DKK (soit environ 5,6 Mds €) et des marges bien ancrées au-delà des 10 %. Toutefois, la croissance est modeste à long terme. Trop modeste pour convaincre les investisseurs. Résultat : le titre s'échange à des niveaux équivalents à ceux qu'il avait il y a 20 ans... Le constat est d'autant plus triste pour les actionnaires que le titre recule depuis ses plus hauts de 2017, malgré quelques sursauts qui n'ont pas duré.
Pour autant, Lundbeck dispose d'une pipeline de potentiels nouveaux médicaments bien avancée avec trois médicaments en phase de lancement, deux en phase 3 d'étude clinique (la dernière avant la demande de mise sur le marché), deux en phase 2 et quatre en phase 1.

La pipeline n'est pas un avantage en soi : tous les laboratoires doivent préparer leur futur et des échecs cliniques peuvent survenir. Les frais de R&D représentent moins de 20 % du chiffre d'affaires annuel : c'est standard dans le secteur.
Cette année, la croissance devrait être au rendez-vous. Les marques stratégiques ont enregistré de bons chiffres de ventes sur les neuf premiers mois de l'année. Lundbeck a relevé ses attentes, ce qui était plutôt rare ces dernières années.
Au niveau du bilan, les choses sont aussi rassurantes : le Danois a une position de trésorerie très excédentaire à hauteur de 4 Mds DKK (soit environ 533 M€). Cette situation permet de réaliser des acquisitions - aussi rares soient-elles - comme le rachat de Longboard pour 2,6 Mds $ cette année. Longboard est spécialisé dans la neurologie et son médicament phare est en phase 3 pour les épilepsies rares et graves. Dans ces indications, il existe actuellement peu d'options thérapeutiques valables.
Si l'on élargit le spectre aux prochains exercices, Lundbeck espère accélérer en Asie, notamment en Chine où les besoins sont colossaux. La priorité est mise sur Vyepti (pour la migraine), qui devrait pouvoir être vendu dans le pays d'ici un à deux ans.
On l'aura bien compris, Lundbeck n'est pas une entreprise dont les perspectives et le modèle font particulièrement rêver. Les marges sont bien inférieures à celles des autres grands laboratoires pharmaceutiques européens. Pour autant, la valorisation est particulièrement faible compte tenu des perspectives, même si elle se situe dans sa moyenne depuis la pandémie : moins de 14 fois pour cette année, 12 fois l'an prochain... Cette année, Lundbeck vise une croissance des ventes entre 12 et 14 % et une fourchette de progression de l'EBITDA ajusté entre 17 % et 20 %. Ces bonnes perspectives s'accompagnent de changements structurels : l'équipe de direction a été renouvelée presque dans son intégralité à partir de 2021.
Sans vouloir chercher le point bas sur le graphique, Lundbeck est aujourd'hui à des niveaux de valorisation assez faibles par rapport à ses perspectives, qui sont meilleures que d'ordinaire. Un rebond du titre n'est pas à exclure, même si la performance n'est pas négative depuis le début de l'année.