(Actualisé avec déclarations de Trump, Cruz)

par Steve Holland

MILWAUKEE, Wisconsin, 4 avril (Reuters) - Après une semaine difficile, Donald Trump aborde mardi dans le Wisconsin une primaire qui s'annonce déterminante pour relancer sa campagne à l'investiture républicaine qui semble marquer le pas depuis quelques jours.

Une défaite du milliardaire dans cet Etat du Midwest aurait pour conséquence d'écorner un peu plus cette image d'invincibilité qu'il cultive avec outrance depuis son entrée dans la course à la présidence.

Les enquêtes d'opinion donnent la victoire au sénateur du Texas, Ted Cruz, dernier candidat encore en mesure de souffler à Trump l'investiture lors de la convention du Grand Old Party pour le scrutin du 8 novembre.

Le magnat de l'immobilier ne s'en laisse cependant pas compter et il a appelé lundi les électeurs du Wisconsin à se mobiliser pour lui apporter une victoire qui enterrerait les derniers espoirs de ses rivaux.

"Si on obtient un bon résultat ici, les gars, c'est terminé", a dit Trump à ses partisans réunis à La Crosse. "Et si ce n'est pas le cas, je crois et je suis sûr qu'on y arrivera quand même", a-t-il ajouté.

Le milliardaire s'en est pris au "tout sauf Trump" mis en avant par les cadres du parti républicain pour tenter de l'empêcher de réunir les 1.237 délégués nécessaires pour être adoubé.

"S'ils avaient dépensé autant d'énergie pour arrêter (Barack) Obama, Obama n'aurait pas eu la moindre chance" d'être élu à la Maison blanche en 2008 et 2012, a-t-il ironisé pendant un autre meeting à Superior, toujours dans le Wisconsin.

"J'ai les yeux braqués sur eux", a-t-il poursuivi à propos des manoeuvres prêtées aux dirigeants républicains pour le priver de l'investiture. "Nous avons affaire à un système corrompu. Nous avons affaire à un système injuste", a-t-il accusé.

Signe de sa nervosité, Trump avait consacré dimanche soir une grande partie d'un discours prononcé à West Allis à insulter Ted Cruz, qualifié tour à tour de menteur et de "sale tricheur".

L'ENJEU D'UNE CONVENTION NÉGOCIÉE

Les provocations et les propos à l'emporte-pièce de Trump avaient jusqu'à présent cimenté autour de son nom l'adhésion de cette frange de l'électorat ne se reconnaissant plus dans les partis traditionnels.

Les déclarations maladroites faites la semaine dernière ont valu à l'homme d'affaires une marée de critiques et elles pourraient bien marquer le début d'un reflux de la vague Trump.

Après avoir affirmé que les femmes ayant recours à l'avortement devraient être punies si cette procédure était déclarée illégale, le milliardaire a été contraint d'opérer en urgence un rétro-pédalage.

De même, en préconisant un nucléarisation de la Corée du Sud et du Japon et en refusant d'exclure que le feu atomique puisse être utilisé de manière tactique en Europe, le magnat s'est attiré les foudres de ses adversaires.

"Est-ce que cela a été ma meilleure semaine ? Non, je ne pense pas", a-t-il reconnu sur Fox News dimanche avant d'estimer que "ça allait pour lui".

Sentant qu'il a une occasion unique à saisir, Ted Cruz a expliqué lors d'un meeting dimanche soir que de plus en plus de républicains prenaient conscience qu'investir Donald Trump aurait pour conséquence de faire élire la probable candidate démocrate Hillary Clinton avec une marge à deux chiffres.

"Le parti est en train de se souder derrière nous", a assuré lundi le sénateur du Texas à des journalistes. "J'espère et je pense que demain (mardi) sera une bonne journée pour nous."

Pour Cruz, un succès dans le Wisconsin est impératif car la prochaine échéance, le 19 avril, dans l'Etat de New York, sera sans doute favorable à Trump.

L'objectif de Cruz et du gouverneur de l'Ohio, John Kasich, troisième et dernier candidat républicain en lice, est d'empêcher le milliardaire d'atteindre la majorité des délégués et de provoquer une "convention négociée" en juillet à Cleveland.

Le maintien de Kasich dans la course a un objectif principal : prendre autant de délégués que possible à Donald Trump. Cette stratégie soutenue par la direction du GOP irrite l'homme d'affaires.

"Nous allons continuer à nous battre jusqu'à ce que quelqu'un obtienne une majorité de délégués", a déclaré Kasich.

Dans le camp démocrate, Bernie Sanders dispose d'une petite avance sur Hillary Clinton dans les enquêtes d'opinion et pourrait bien obtenir un nouveau succès face à l'ancienne secrétaire d'Etat. (Pierre Sérisier et Tangi Salaün pour le service français)