(Actualisé tout du long)

par Susan Cornwell et Richard Cowan

WASHINGTON, 13 mai (Reuters) - Donald Trump s'est lancé jeudi dans une offensive de charme pour tenter d'obtenir le soutien des ténors du Parti républicain, et notamment celui du président de la Chambre des représentants, Paul Ryan, qui a dit réserver encore son avis.

En visite au Congrès à Washington, le milliardaire qui devrait être le candidat du Parti républicain pour l'élection présidentielle du 8 novembre prochain, s'est montré sous son meilleur jour, écoutant patiemment les députés républicains qui critiquent notamment le ton de sa campagne et lui ont rappelé la nécessité de se concilier les électeurs hispaniques.

Évitant les jurons qui émaillent d'habitude ses discours de campagne, le promoteur new-yorkais a également laissé de côté ses critiques acerbes des élus du Congrès à Capitol Hill.

"La discussion a été très sérieuse, raisonnable; c'était une discussion chaleureuse (...)", a dit le sénateur de l'Utah, Orrin Hatch. "Je pense que vous allez vous rendre compte qu'il va s'améliorer de manière constante avec le temps."

La journée de Trump à Washington avait pour objectif de vaincre les réticences qui persistent à son égard chez les républicains, qui n'apprécient pas ses déclarations à l'emporte-pièce et les provocations dont il s'est rendu coutumier depuis le début de la campagne.

Il a notamment promis de construite un mur le long de la frontière mexicaine, d'expulser 11 millions de migrants illégaux, d'interdire temporairement l'entrée des Etats-Unis aux musulmans et de mettre en place des mesures protectionnistes.

Jeudi, Donald Trump a rencontré Paul Ryan pendant une heure au siège du Comité national républicain, voisin du Capitole. D'autres responsables du parti se sont ensuite joints à eux.

"FORMIDABLE"

Dans un communiqué commun, les deux hommes ont affirmé avoir eu un entretien "positif" qui leur a permis d'apprendre à se connaître et d'essayer de dégager des points communs.

"Dans cette optique, nous avons eu une conversation formidable, ce matin. Si nous nous sommes montrés honnêtes au sujet de nos quelques divergences, nous constatons qu'il y a aussi de nombreux points de convergence", ont-ils dit. "Il s'agissait de notre première rencontre, mais ce fut une étape très positive vers le rassemblement."

Paul Ryan avait expliqué mercredi vouloir faire connaissance avec l'homme d'affaires, désormais seul candidat à l'investiture républicaine après le retrait de Ted Cruz et John Kasich.

Paul Ryan n'a pas pour autant exprimé son soutien à Donald Trump. Interrogé par la presse après l'entrevue, Paul Ryan s'est borné à dire que la rencontre avait été encourageante.

"Personne n'ignore que Donald Trump et moi avons des divergences. Nous avons parlé de ces divergences aujourd'hui", a-t-il expliqué. "Je pense que nous creusons un sillon en vue d'une unité".

Le magnat de l'immobilier a publié un tweet déclarant: "Ça avance vraiment bien!" avant de monter dans un avion pour rentrer à New York.

"J'ai des opinions fortes sur la sécurité des frontières. J'ai des opinions fortes sur le commerce. J'ai des opinions fortes sur le développement de l'armée. Dans une large mesure je pense que Paul Ryan en est au même point", a-t-il ajouté dans la soirée sur Fox News.

CALCULS PERSONNELS

Paul Ryan, auquel les observateurs politiques prêtent des ambitions pour la présidentielle de 2020, a rappelé qu'il représentait l'aile conservatrice de son parti et a jugé positif le fait que Trump ait rallié de nouveaux électeurs.

"La question demeure malgré tout : pouvons-nous être d'accord sur les valeurs essentielles qui nous unissent tous ?" s'est-il interrogé.

L'annonce d'un soutien officiel du président de la Chambre des représentants à Donald Trump permettrait au Parti républicain de tourner la page de cette période embarrassante dans laquelle les édiles ne savent pas quelle attitude adopter, notamment ceux qui se sont ouvertement opposés au milliardaire.

L'équipe de campagne de Trump estime, elle, que le soutien de Paul Ryan est secondaire et fait valoir que l'essentiel est les dix millions d'électeurs que le candidat a déjà rassemblé depuis le début des primaires.

Malgré tout, bénéficier de l'appui des cadres du GOP permettrait à Trump de mettre sur pied une infrastructure de campagne et notamment de lever des fonds afin de rivaliser avec l'appareil démocrate qui devrait investir Hillary Clinton.

Pour Paul Ryan, la question est de savoir quelle conséquence son soutien explicite à Trump pourrait avoir sur son image de chef de file conservateur qu'il cultive depuis plusieurs années et sur laquelle il mise probablement pour 2020.

BAISSER D'UN TON

Malgré ses difficultés à s'attirer le soutien des dirigeants du parti, Trump voit sa candidature progresser dans les sondages. Un sondage Reuters/Ipsos publié mercredi le donne au coude à coude avec Hillary Clinton, avec 40% des suffrages, contre 41% pour l'ex-secrétaire d'Etat.

Trump a aussi rencontré les sénateurs républicains jeudi. Certains n'ont pas réprimé leurs encouragements.

"Tout le monde ici souhaite vous voir gagner", a dit Mitch McConnell, chef de la majorité au Sénat américain.

La sénatrice de Virginie-Occidentale, Shelly Moore Capito, a quant à elle invité le candidat à plus de prudence dans ses propos. Le sénateur de l'Ohio et ex-représentant au Commerce, Rob Portman, l'a incité à la prudence dans ses discours contre les accords commerciaux.

"La question du style a été mise sur la table", a dit le sénateur du Texas John Cornyn, ajoutant qu'il avait donné des conseils au candidat sur "l'importance des votes hispaniques et l'idée de distinguer l'immigration légale et illégale".

Même l'un des plus farouches opposant à Trump, l'ex-candidat et sénateur de Caroline du Sud Lindsey Graham, s'est radouci, lui qui avait dit que devoir décider entre Trump et son rival Ted Cruz, revenait à choisir entre "être abattu ou empoisonné".

"Je sais que M. Trump cherche à toucher beaucoup de gens, dans le parti et le pays, afin d'entendre leur avis et leur opinion. Je pense que c'est une sage démarche de sa part", a-t-il dit à l'issue d'une conversation téléphonique avec Trump mercredi. (Avec Emily Stephenson, Doina Chiacu, Patrica Zengerle, David Morgan; Pierre Sérisier et Julie Carriat pour le service français)