* Murdoch change d'avis et accepte une audition parlementaire

* Arrestation d'un ancien responsable de News of the World

* Le FBI va enquêter sur des allégations visant News Corp

(Actualisé, les Murdoch au Parlement mardi, FBI, détails)

par Kate Holton et Keith Weir

LONDRES, 14 juillet (Reuters) - Rupert Murdoch a cédé jeudi aux pressions du Parlement britannique en acceptant de répondre à une commission qui enquête sur les méthodes illégales d'un de ses journaux, prélude à un bras de fer probable avec des députés aspirant à briser son emprise sur le monde politique.

La police britannique a arrêté jeudi un neuvième suspect dans l'enquête sur les écoutes téléphoniques illégales imputées au News of the World. D'après les médias, il s'agit d'un ancien rédacteur en chef de ce tabloïd que Rupert Murdoch et son groupe News Corp ont dû fermer en raison du scandale.

Rupert Murdoch a aussi renoncé, au moins provisoirement, à acquérir les 61% du bouquet satellite BSkyB qu'il ne possède pas, mais il ne parvient pas à éteindre l'incendie déclenché par les révélations sur les pratiques imputées à ses journaux en Grande-Bretagne.

Après avoir refusé jeudi de répondre aux questions de la commission des médias du Parlement, Rupert Murdoch et son fils James, considéré comme son successeur probable, sont revenus sur leur décision après que le Premier ministre David Cameron eut déclaré qu'ils ne devaient pas persister dans cette attitude.

Rebekah Brooks, directrice générale de News International, branche britannique de News Corp, a accepté de témoigner devant les parlementaires tout en prévenant qu'elle pourrait ne pas être en mesure de répondre à toutes leurs questions en raison de l'enquête de police en cours. Elle a été rédactrice en chef de News of the World lors des principaux faits incriminés.

RÉPERCUSSIONS À L'ÉTRANGER

Les accusations de piratage téléphonique portées contre le groupe de Murdoch se prolongent à l'étranger.

Aux Etats-Unis, le FBI a annoncé jeudi qu'il allait enquêter sur des allégations selon lesquelles News Corp aurait piraté les messageries téléphoniques de victimes des attentats du 11 septembre 2001. Des parlementaires américains influents, dont le républicain Peter King, avaient réclamé une telle enquête.

News Corp se refuse à tout commentaire sur l'enquête du FBI.

En Australie, pays natal de Rupert Murdoch, le gouvernement pourrait réformer la loi sur les médias sous l'impact du scandale en cours.

News Corp est aussi fragilisé aux Etats-Unis, où il possède notamment la chaîne d'information Fox News et le Wall Street Journal, et en Australie, où il est propriétaire d'environ 150 quotidiens ou magazines, dont les principaux journaux du pays tels que le Daily Telegraph de Sydney et le Sun Herald de Melbourne.

La comparution de Rupert Murdoch, qui possède la nationalité américaine, devant la comission des médias de Westminster risque d'être tendue. Lors d'un vif débat sur l'affaire des écoutes, le député d'opposition travailliste Dennis Skinner a qualifié mercredi le magnat de "cancer sur le corps politique".

Face à l'émoi suscité par les révélations sur les pratiques des journaux de Rupert Murdoch, également accusés de corruption de policiers, News Corp a annoncé mercredi qu'il renonçait à acquérir totalement BSkyB. Au même moment, les parlementaires britanniques, avec une rare unanimité, proclamaient leur opposition à ce projet.

Vince Gable, ministre britannique des Entreprises, a commenté en ces termes la volte-face des milieux politiques aujourd'hui prompts à condamner les Murdoch : "C'est un peu comme la fin d'une dictature, lorsque tout le monde se découvre opposé au dictateur."

Le gouvernement britannique cherche aussi à déterminer si le groupe de Rupert Murdoch peut rester actionnaire de chaînes de télévision en Grande-Bretagne, a déclaré jeudi le vice-Premier ministre Nick Clegg.

CLEGG SE DÉMARQUE DE CAMERON

Ce dernier a affirmé que l'agence britannique de régulation des médias, l'Ofcom, avait entrepris d'examiner dans quelle mesure News Corp, dont la branche britannique est au coeur du scandale, pourrait être autorisé à conserver sa part existante de 39% dans BSkyB.

"Il est évident que de fortes questions se posent aujourd'hui quant à l'aptitude de News International (à jouer un rôle dans les chaînes de télévision du pays) et c'est précisément ce que l'Ofcom examine en ce moment", a dit le vice-Premier ministre sur les ondes de Radio 4 (BBC).

"Ce qui n'est pas assez clair à mes yeux, c'est la manière dont c'est évalué", a ajouté le chef de file des libéraux démocrates, partenaires des conservateurs au sein de la coalition gouvernementale.

News of the World est accusé d'avoir piraté, avec l'aide d'enquêteurs privés, les messageries téléphoniques de milliers de personnes - des protagonistes de faits divers, des vedettes, des proches de militaires tués en Afghanistan et même, peut-être, de responsables de la police - et d'avoir corrompu des policiers pour obtenir des scoops.

En Grande-Bretagne, l'affaire a des répercussions politiques que l'on observe parce que David Cameron a engagé comme porte-parole un ancien rédacteur en chef de News of the World, Andy Coulson, qui a dû démissionner de ses fonctions auprès du chef du gouvernement.

Nick Clegg a tenté jeudi de se démarquer de cette décision.

"Nous en avons discuté, bien sûr. Mais au bout du compte, je choisis mes collaborateurs et David Cameron choisit les siens", a-t-il dit.

(Avec Georgina Prodhan, Stefano Ambrogi, Michael Holden à Londres, Paul Thomasch à New York, Rob Taylor à Canberra; Bertrand Boucey et Philippe Bas-Rabérin pour le service français)