Comme en témoignent nos précédents articles publiés en 2017 et 2023 — Euronext N.V. : Opportunité Identifiée, Risque Limité et Euronext N.V. : Un monopole en décote — ainsi bien sûr que la présence des titres du groupe au sein de notre portefeuille Europe PEA et du fonds Europa One, Zonebourse a toujours vu d’un bon oeil le style et les méthodes de ce rude spécialiste des fusions-acquisitions.

Son mandat, pourtant, commençait dans un contexte morose puisque Euronext — encore un nain à l’époque — était perçu par les investisseurs comme largement déclassé face aux deux mastodontes Deutsche Börse et London Stock Exchange. Mais le Brexit est passé par là, ainsi que la consolidation des marchés nationaux du Vieux continent et le blocage par les autorités de la concurrence de la fusion LSE-Deutsche Börse.

Apres une série d’acquisitions relutives — autofinancées à hauteur d’environ un tiers des montants engagés — Euronext génère désormais entre €600 et €700 millions de cash-flow libre par an, soit quatre fois plus qu’il y a dix ans. La distribution de dividendes a suivi le rythme, tandis que se développe un portefeuille d’activités bien équilibré entre les activités de trading, de clearing et de données, chacune comptant pour environ un tiers du chiffre d’affaires consolidé. 

Euronext exploite entre autres les places de marchés de Paris, Amsterdam, Dublin, Oslo et Milan. Stéphane Boujnah ne cache pas que ses appétits le portent désormais vers les bourses espagnole, suisse et scandinave. Potentielle prise de choix, NASDAQ Nordics cédait d’ailleurs il y a quelques jours son activité futures dans les marchés de l'électricité à Euronext.

Les ambitions du dirigeant français sont toujours encouragées par le régulateur européen, satisfait de voir émerger un champion continental. Boujnah peut donc continuer d’envisager l’avenir avec optimisme. D’autant que, victime d’un véritable exode des émetteurs, la place de marché de Londres — qui lui tenait autrefois la dragée haute — offre désormais une liquidité deux fois moindre qu’Euronext.

Du reste, si les sociétés cotées en Europe souffrent toujours d’une sévère décote par rapport à leurs pairs d’Outre-Atlantique, Boujnah y voit là l’opportunité d’un potentiel rééquilibrage plutôt qu’une fatalité durable. Dans le même esprit, plutôt qu’un vent contraire, la toute-puissance actuelle du private equity pourrait à terme se solder par une série de juteuses introductions en bourse.

Malgré des volumes en la matière désespérément bas, Euronext assure en tout cas une nouvelle année record avec un chiffre d’affaires qui croît de 10.3% en 2024. Après une période d’atonie habilement mise à profit par la société pour racheter ses titres à des niveaux de valorisation attractifs, cette dernière se ressaisit, pour désormais revenir évoluer autour voire sensiblement au-dessus de sa moyenne à long terme.