Marc Fiorentino, pourquoi cette alliance aujourd’hui avec Leuwen, une petite banque d’affaires spécialiste des « small cap » non-cotées ?

" EuroLand intervient aujourd’hui en tant que conseil sur les opérations de IPO, d’augmentation de capital, émission de dette, et depuis deux ans massivement sur les retraits de cote, à l’image d’Osmozis récemment. Nous comptons 62 clients entreprises cotées. Si, actuellement, le mouvement est à sens unique du coté vers le non-coté, ces deux mondes deviennent de plus en plus poreux. D’où l’intérêt d’ajouter une activité de banque d’affaires traditionnelle (M&A, levées de fonds, conseil en financement) ayant une bonne connaissance de l’écosystème non coté qui nous permettra d’identifier des candidats potentiels à la cotation le temps venu. EuroLand sera alors un partenaire naturel pour accompagner ces candidats à la Bourse. Nous envisageons en effet une franche reprise des introductions en Bourse vers le deuxième trimestre 2025. "

Quelle sera la proposition de valeur de Leuwen-EuroLand, cette « banque d’affaire nouvelle génération » que vous souhaitez créer ?

" Leuwen- EuroLand sera un acteur unique dans le conseil en opérations financières. Notre ambition est claire : devenir le partenaire privilégié des entreprises en forte croissance, en évitant tout biais en matière de solutions préconisées. Notre offre se déclinera en trois verticales : M&A, augmentations de capital et levée de dette privée en complément des financements bancaires. Les PME et ETI de croissance ont besoin de se consolider, de se financer : nous leurs apporterons tous les services qu’une grande banque d’affaires anglo-saxonne apporte aujourd’hui aux grandes entreprises."

Quelle forme prend cette opération de rapprochement, d’un point de vue capitalistique mais également humain ?

" Nous avons pris 25% du capital de Leuwen via une augmentation de capital avec la perspective d’en prendre le contrôle dans les 12 mois et de monter à 100% d’ici deux ans maximum. Les équipes, à savoir 15 personnes actuellement chez EuroLand et 6 chez Leuwen, ont vocation à se rapprocher pour former dans un premier temps une équipe d’une vingtaine de banquiers qui sera complétée par 7 recrutements d’ici 12 mois y compris en région où nous comptons ouvrir deux bureaux sur Lille et Lyon. Nos équipes ont déjà une clientèle importante sur ces deux territoires.  Le chiffre d’affaires combiné des deux structures en 2024 devrait dépasser les 5 M€ avec une rentabilité supérieure à 20%."

EuroLand Corporate est déjà coté sur Euronext Access (ex-Marché Libre), un marché non régulé. Souhaitez-vous donner un nouveau souffle à votre cotation à l’occasion de ce rapprochement ?

" Nous étudions en effet le projet de transfert vers Euronext Growth au second trimestre 2025. Tout comme pour nos clients, la consolidation et la cotation en Bourse répondent bien aux ambitions de l’entreprise EuroLand Corporate : nous souhaitons augmenter notre visibilité, pouvoir croitre par échange d’action, mettre en place un actionnariat salarié via l’attribution d’actions gratuites. Aujourd’hui, le capital d’EuroLand Corporate est réparti entre le management à 70% et le flottant à 30%. Demain, sept associés constitueront l’actionnariat majoritaire d’EuroLand Corporate."

Vous évoquez un retour des IPO au second trimestre 2025 ?

" Nous observons actuellement un essoufflement des transactions dans le non coté. Des fonds n’arrivent plus à trouver de sortie en non-cotée dans certains secteurs. C’est le cas par exemple de la distribution ou même de la technologie quand la croissance est jugée insuffisante par les fonds alors que des investisseurs en Bourse se satisfont d’une croissance moindre mais rentable. Par ailleurs, des initiatives de place se préparent et pourraient par exemple déboucher sur la cotation de très belles sociétés technologiques dans les prochains mois voire trimestres. "

La France décroche économiquement, et boursièrement. Quelles mesures prendrait Marc Fiorentino président de la République ?

" Je trouve que la voie empruntée par le gouvernement Barnier n’est pas mauvaise. L’urgence absolue du moment est d’arrêter la gabegie en matière de finances publiques. Pour ce qui est du monde de l’entreprise, sans prêcher pour ma paroisse, j’axerais ma politique davantage sur les ETI que sur les start-up, afin d’augmenter leur force et leur nombre comme c’est le cas en Allemagne. Cela passe par un meilleur financement par les marchés des PME et ETI. Sur ce point, la fiscalité des investisseurs est suffisamment attractive et contrairement à ce que l’on peut entendre ou lire, la réglementation n’est pas si contraignante pour une société cotée. La principale raison de la vague massive de retraits de cote, c’est l’opportunité de pouvoir sortir sur des niveaux de valorisation bas. Le soutien de fonds de place faisant intervenir par exemple la BPI ou la CDC serait très appréciable. Il ne manque pas grand-chose pour rebondir : juste un peu de volonté et de rigueur pour parvenir à une meilleure gestion des finances publiques."

Retrouvez ici le rapport de gestion 2023 d’EuroLand Corporate