Zurich (awp) - Le transformateur laitier Emmi va adapter ses tarifs afin de répercuter les hausses du prix du lait sur la clientèle de détail. La décision a été difficile à prendre. "La pression sur les prix reste brutalement élevée", explique le directeur général Urs Riedener, dans un entretien à AWP. "Nous parvenons néanmoins à faire accepter ces hausses."

Personne ne peut forcer Emmi à vendre des produits à perte, avertit M. Riedener. "Grâce à notre positionnement à l'international, nous disposons de canaux de vente alternatifs." Emmi doit composer avec une offre de lait en diminution, ce qui fait grimper les prix. Ces augmentations demeurent cependant modérées. Emmi tente par tous les moyens d'obtenir les meilleurs prix pour les produits non rentables, avant d'abandonner leur production.

Les activités à l'étranger apportent une contribution majoritaire (52%) aux recettes. La production, quant à elle, est toujours effectuée à 60% (en part de chiffre d'affaires) en Suisse. Cette situation devrait perdurer à l'avenir. "La Suisse peut sembler coûteuse à première vue. Mais nous avons une grande expertise dans ce domaine", assure Urs Riedener. Les consommateurs sont prêts à payer pour la qualité helvétique, selon le patron d'Emmi.

M. Riedener estime satisfaisante la solution trouvée par la Confédération pour remplacer la "loi chocolatière", un système de subventions destinées à compenser le niveaux élevé des prix du lait et des céréales suisses. Cette législation a été supprimée à fin 2015, suite aux pressions de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Expansion

Chez Emmi, le système de substitution adopté permet de commercialiser le café prêt à consommer Caffè Latte au-delà des frontières suisses. "Ces contributions nous permettront de produire des boissons pour toute l'Europe sur notre site d'Ostermundigen", dans la banlieue de Berne, note le directeur général.

L'expansion à l'étranger figure parmi les priorités d'Emmi. En 2019, le groupe s'est emparé d'un site de production de fromage bleu aux Etats-Unis, acquis une participation majoritaire dans un producteur de fromage de chèvre en Autriche et repris un fabricant italien de desserts. Il est également monté au capital d'une grande laiterie au Brésil et fusionné sa filiale chilienne avec un concurrent.

Emmi prévoit d'investir un nouveau marché important dans un horizon de cinq ans. "Mais nous n'avons aucune pression", affirme Urs Riedener. Il faut parfois beaucoup de patience avant de trouver une bonne cible d'acquisition.

(L'interview est disponible dans son intégralité sur le fil Premium AWP en allemand)

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