D’abord parce que, toujours contrôlé à hauteur d’un cinquième de son capital par le gouvernement fédéral allemand, DHL est le seul grand opérateur postal public en Europe à avoir si bien négocié le virage de la modernité, pour rapidement s’imposer comme un leader mondial de la logistique. 

La réussite de ce pivot stratégique est illustrée par un profit d’exploitation et une distribution de dividendes qui doublent en quinze ans. C’est certes moins impressionnant que chez FedEx, mais cependant mieux que chez UPS — deux acteurs qui, du reste, n’ont jamais eu l’ADN d’un service public. Sur le Vieux Continent, aucun pair n’a pu rivaliser — même de loin — avec une telle performance.

L’exercice fiscal qui s’achève s’inscrit dans la continuité du précédent pour DHL, quoique le profit cash — ou cash-flow libre — recule de 9%, passant ainsi de €3.3 milliards en 2023 à €3 milliards en 2024. Ce déclin est largement imputable à la division fret international, où l’activité est en voie de normalisation après une inflation épique des tarifs en 2022. 

Il est à souhaiter que le sujet des droits de douanes, revenu à la mode ces jours-ci, ne vienne pas créer de difficultés supplémentaires. A fortiori dans la région Asie-Pacifique, où DHL, qui souffre déjà d’une concurrence accrue depuis quelques mois, a construit un réseau d’envergure. 

Il faut par ailleurs signaler que la nouvelle prévision du management de réaliser à nouveau €3 milliards de cash-flow libre l’an prochain contrevient à ses anticipations d’il y a deux ans, lorsqu’il annonçait viser un objectif de €3.5 milliards de cash-flow libre en 2025. 

Enfin, les analystes de Zonebourse confessent s’interroger sur la pertinence du plan de rachats d’actions récemment étendu et élargi. Non seulement il entraînerait une hausse de l’endettement s’il est activé, mais en plus — et surtout — les niveaux de valorisation du moment ne sont pas nécessairement très attractifs.

Ces annonces semblent en tout cas indiquer que les acquisitions sont passées au second plan et que DHL, avec son empreinte globale et sa gamme de services particulièrement appréciée des industriels et des professionnels, entend désormais se concentrer sur une gestion toute entière orientée vers les retours de capital aux actionnaires. 

Le développement est positif. Il n’empêche que Zonebourse aurait a priori préféré une nouvelle augmentation du dividende, d’autant que, comme beaucoup de ces « actions-obligations » à l’allemande si prisées des investisseurs institutionnels outre-Rhin, le groupe est en premier chef valorisé en bourse justement par rapport à son rendement sur dividende. 

En la matière, de façon très claire, la valorisation du titre DHL évolue depuis vingt ans autour d’une moyenne de 4%, dans un "range" parfaitement bien borné entre un plancher de 3% sur lequel il rebondit plus ou moins systématiquement, et un plafond de 5% qu’il n’a jamais vraiment dépassé.