Le ministre de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a ratifié l'acte de création de la Sfil, appelée à devenir à son tour le véhicule de financement de la nouvelle banque des collectivités locales françaises créée autour de la Banque postale et de la Caisse des dépôts.

Détenue à 75% par l'Etat, à 20% par la CDC et à 5% par la Banque postale, elle sera opérationnelle dès la finalisation prochaine du transfert de Dexma.

Philippe Mills, qui dirigeait depuis 2008 l'Agence France Trésor chargée de placer la dette de l'Etat français sur les marchés, en sera le directeur général. Son entrée en fonctions officielle interviendra le 1er février.

La Sfil héritera de Dexma un portefeuille de 90 milliards d'euros de crédits accordés aux collectivités locales, dont 9,4 milliards d'euros de prêts structurés dits "sensibles", voire "toxiques", accordés à un millier de clients, qu'il lui reviendra de renégocier.

"Ça fera partie du métier de la Sfil de discuter avec les collectivités locales (...) pour renégocier, désensibiliser ces prêts", a déclaré Philippe Mills lors d'une conférence de presse à Bercy.

"DE LA PLACE POUR TOUT LE MONDE"

"On verra le volume de renégociation qu'il sera possible de faire chaque année, le but étant d'en faire au minimum un milliard d'euros", a-t-il dit.

La Sfil doit employer à terme 400 salariés, dont les deux tiers issus des rangs de Dexia Crédit Local, l'activité financement des collectivités locales de Dexia, l'ancien numéro un mondial du secteur.

Elle refinancera, via une société de crédit foncier, les prêts à moyen et long terme que proposera la Banque postale en partenariat avec la Caisse des dépôts à un public de collectivités territoriales et d'établissements publics de santé pour un volume de l'ordre de cinq milliards d'euros par an.

La CDC s'est engagée parallèlement à débloquer sur la période 2013-2017 une enveloppe de 20 milliards d'euros prélevée sur les fonds d'épargne pour des prêts à ces mêmes collectivités sur des maturités très longues non couvertes par les banques.

"Nous sommes extrêmement confiants pour dire qu'il y aura un bouclage total du financement des collectivités locales en 2013, ce qui n'a pas été le cas en 2011 et 2012" du fait des difficultés de Dexia, a déclaré Philippe Wahl, le directeur général de la Banque postale.

Interrogé sur l'arrivée en 2014 de l'Agence de financement des collectivités locales, un projet porté par les régions et départements qui a reçu le feu vert du gouvernement, il a indiqué que la disparition d'un acteur comme Dexia, qui avait 45% du marché français, "laisse de la place pour tout le monde, y compris l'Agence de financement des collectivités locales".

Yann Le Guernigou, édité par Jean-Michel Bélot