Il y a trois ans, Danone faisait les choux gras de notre rubrique "Fallait pas l'inviter", dont le titre est directement inspiré des vidéos de Michel Muller. Cette rubrique traite d'entreprises qui ont des atouts mais qui traversent une passe compliquée en bourse. Danone était parfaitement à sa place puisque le titre a depuis légèrement surperformé le Stoxx Europe 600 en 2022, 2023 et 2024, signe que les investisseurs ont acheté le redressement. C'est le bon moment pour se demander si ça va continuer.
Danone, après sa bonne tenue des trois derniers exercices et la méforme de ses comparables, a renoué avec des niveaux de valorisation relativement proches de Nestlé, Mondelez ou The Hershey. Une sorte de réajustement qui est venu saluer la rationalisation de l'activité et le retour d'une certaine stabilité dans les projections.
Le coup d'après
La phase suivante, qui consiste à fournir au marché des raisons d'espérer de nouveaux progrès, pourrait être plus difficile à "vendre" aux investisseurs. Danone a fort bien manœuvré pour tirer une vive croissance de plusieurs activités spécifiques, en particulier la nutrition spécialisée, qui représente moins du tiers du chiffre d'affaires annuel mais plus de la moitié des bénéfices. Mais la dynamique de ses meilleures activités est en train de ralentir, ce qui constitue un point de vigilance.
Pour autant, il faut reconnaître que le management a adopté un ton très confiant en octobre dernier en marge de la publication des résultats du 3e trimestre, en expliquant notamment que les performances sont désormais moins dépendantes des hausses de prix que du reste, alors que cela avait été un gros accélérateur post-covid. Les dépenses destinées à promouvoir le bienfait nutritif des produits, qui ressemblaient par le passé à un puits dans fond, semblent désormais porter leurs fruits en renforçant plusieurs marques emblématiques du groupe. C'est en tout cas à nouveau un axe d'investissement important pour Danone, qui semble enfin y trouver son compte.
Période Fiscale : Décembre
2019
2020
2021
2022
2023
2024
2025
2026
Chiffre d'affaires
1
25 287
23 620
24 281
27 661
27 619
27 222
28 204
29 253
Variation
-
-6,59%
2,8%
13,92%
-0,15%
-1,44%
3,61%
3,72%
EBITDA
1
5 232
4 769
4 602
5 240
5 092
4 619
4 860
5 137
Variation
-
-8,85%
-3,5%
13,86%
-2,82%
-9,29%
5,23%
5,7%
Résultat d'exploitation (EBIT)
1
3 846
3 317
3 337
3 377
3 481
3 544
3 766
3 997
Variation
-
-13,75%
0,6%
1,2%
3,08%
1,81%
6,25%
6,14%
Intérêts payés
1
-371
-310
-267
-291
-307
-320,3
-336,6
-325,3
Résultat Avt. Impôt (EBT)
1
2 867
2 488
1 995
1 832
1 686
3 175
3 358
3 628
Variation
-
-13,22%
-19,82%
-8,17%
-7,97%
88,33%
5,75%
8,06%
Résultat net
1
1 929
1 956
1 924
959
881
2 212
2 340
2 512
Variation
-
1,4%
-1,64%
-50,16%
-8,13%
151,03%
5,79%
7,35%
Date de publication
26.02.20
19.02.21
23.02.22
22.02.23
22.02.24
-
-
-
1EUR en Millions
Données Estimées
Avec le retour de la valorisation dans le peloton sectoriel, il faut compter soit sur le collectif (expansion des multiples du secteur), soit sur une performance individuelle supérieure (taux de croissance / de marge de Danone meilleur que la moyenne) pour franchir un palier supérieur. En attendant, le dossier est à son prix : c'est ce qu'illustre la stagnation du titre au cours des quatre derniers mois (l'action est grosso modo sur ses niveaux du début du mois de septembre 2024). La bonne nouvelle, c'est que le management semble avoir conservé un matelas de sécurité pour la performance 2024, en prenant soin d'éviter de relever ses prévisions en dépit de l'avance accumulée après neuf mois d'activité. Il faudra patienter jusqu'au 26 février pour connaître le verdict.
Danone figure parmi les 1ers groupes agroalimentaires mondiaux. Le CA par famille de produits se répartit comme suit :
- produits laitiers et produits d'origine végétale (51,9% ; n° 1 mondial) : produits laitiers fermentés frais, crèmes à café, produits et boissons d'origine végétale (à base notamment de soja, d'amande, de noisette, de riz, d'avoine et de noix de coco) ;
- produits de nutrition spécialisée (30,8%) : aliments infantiles (n° 1 mondial ; aliments pour les nourrissons et les jeunes enfants en complément de l'allaitement maternel) et produits de nutrition médicale (n° 2 européen ; aliments pour les personnes souffrant de certaines pathologies ou les personnes fragilisées par l'âge) ;
- eaux conditionnées (17,3% ; n° 2 mondial) : eaux naturelles, aromatisées ou enrichies en vitamines (marques Evian, Volvic, Badoit, Aqua, etc.).
A fin 2023, le groupe dispose de plus de 174 sites de production dans le monde.
La répartition géographique du CA est la suivante : France (8,4%), Europe (25,5%), Amérique du Nord (25%), Chine-Japon-Australie-Nouvelle Zélande (12,7%), Amérique latine (10,1%) et autres (18,3%).