La banque de Zurich, qui affiche généralement des résultats stables dans sa branche gestion de fortune, a été déstabilisée par une campagne mondiale contre le secret bancaire, qui a poussé ses clients européens à retirer leur argent afin de tenter d'échapper à des poursuites pour évasion fiscale.

Pour le deuxième trimestre consécutif, la banque d'investissement a tiré le résultat net du groupe, qui a atteint 1,045 milliard de francs suisses (844 millions d'euros) contre 1,017 milliard prévus par les analystes interrogés par Reuters.

Comme ses concurrentes à Wall Street, qui ont bien performé au deuxième trimestre, Credit Suisse a vu son bénéfice avant impôts plus que doubler dans la banque d'investissement par rapport à la même période 2012, lorsque l'activité de trading était très affectée par la crise de la dette en zone euro.

L'action Credit suisse, qui avait repris 13% au cours des trois dernières semaines en perspective d'une bonne performance dans sa banque d'affaires, retombe de 2,82% à 27,60 francs suisses vers 11h15, sous-performant l'indice des valeurs bancaires européennes, qui ne cède que 0,53%.

Une envolée des rendements des obligations en juin, déclenchée par les craintes que la Réserve fédérale américaine ne ralentisse dès cette année son rythme de rachats d'actifs, a découragé les émissions d'obligations et actions de ses clients.

Toutefois, son directeur général Brady Dougan a dit que la tendance à la hausse des taux d'intérêt devrait soutenir les marges bénéficiaires de la banque dans l'avenir.

"A plus long terme, la transition vers des taux plus élevés profitera à notre activité, tant dans la banque privée et la gestion de fortune que dans la banque d'investissement (...)", a-t-il déclaré dans le communiqué des résultats.

La banque a précisé être sur la bonne voie pour réduire ses dépenses de 4,4 milliards de francs d'ici fin 2015 et a abaissé son ratio d'endettement vers l'objectif de 4,5% d'ici fin 2013.

Sa grande rivale UBS a annoncé lundi un bénéfice meilleur qu'attendu au deuxième trimestre en dépit d'une charge de 865 millions de francs suisses notamment après l'accord trouvé avec les autorités américaines dans un dossier de crédits immobiliers toxiques.

Les deux banques ont réduit leur exposition au risque et augmenté leur capital afin de respecter les nouvelles règles de solvabilité en vigueur depuis la crise financière, mais Credit suisse conserve sa banque d'investissement tandis qu'UBS abandonne ses activités sur les marchés de taux, très consommatrice de capital, supprimant 10.000 emplois au passage.

PRUDENCE SUR UN ACCORD AUX ÉTATS-UNIS

Le ratio de fonds propres "core", qui mesure la solidité financière, a été porté à 10,4% au cours du trimestre, au-delà de la barre des 10% qui, selon les analystes, ouvre la perspective d'une augmentation des versements aux actionnaires.

Credit suisse a payé son dividende en grande partie en actions l'an dernier, tout en promettant de recommencer à verser des dividendes en numéraire quand elle aurait atteint ses objectifs de fonds propres.

Le bénéfice avant impôts de sa division banque privée et gestion de fortune n'a augmenté que de 4% d'un trimestre à l'autre et a baissé de 6% par rapport à l'an dernier, après une provision de 100 millions de francs pour couvrir un accord entre les gouvernements britannique et suisse concernant l'argent non déclaré dans les comptes en Suisse des citoyens britanniques.

Le produit net bancaire du groupe a progressé de 1% sur un an et de 4% sur un trimestre, une performance moins bonne que celle de concurrents américaine comme Morgan Stanley.

Credit suisse figure parmi la douzaine de banques suisses qui font l'objet d'une enquête de la justice américaine pour avoir participé à l'évasion fiscale de riches citoyens américains et est actuellement en négociations pour conclure un accord à l'amiable, avec l'aide du gouvernement suisse.

La banque, qui a inscrit une provision de 295 millions de francs en vue de cet accord en 2011, a indiqué qu'elle s'apprêtait à diffuser les informations sur les retraits de clients exigées par les autorités américaines.

Alors que sa concurrente dans la banque privée Julius Baer a déclaré lundi qu'elle espérait avancer vers un accord à l'amiable, Credit suisse a été plus prudente.

"Nous serions satisfaits et nous cherchons activement à y arriver, mais nous ne pouvons pas nécessairement prévoir que cela pourra se faire au second semestre de cette année", a déclaré son directeur financier David Mathers.

Juliette Rouillon pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten

par Katharina Bart