PARIS, 5 octobre (Reuters) - En suggérant que des salariés feraient mieux d'aller chercher du travail plutôt que de "foutre le bordel", Emmanuel Macron a suscité des critiques de plusieurs membres de l'opposition dans la soirée de mercredi.

Des heurts ont éclaté mercredi après-midi entre les forces de l'ordre et des salariés de GM&S qui souhaitaient s'entretenir avec le chef de l'Etat lors de son déplacement à Égletons (Corrèze) sur le thème de la formation professionnelle.

Des images tournées par BFMTV montrent une conversation entre Emmanuel Macron et Alain Rousset, président de la région Nouvelle Aquitaine, qui évoque les difficultés de recrutement de l'usine d'Ussel (Corrèze) du fabricant de produits en aluminium Constellium.

"Il y en a certains au lieu de foutre le bordel, ils feraient mieux d'aller regarder s'ils peuvent avoir des postes là-bas. Parce qu'il y en a qui ont les qualifications pour le faire", répond le président de la République.

"C'est pas loin de chez eux", poursuit-il.

Dans un climat social marqué par une réforme contestée du Code du travail et la grogne montante liée à un projet de budget 2018 décrit par l'opposition de gauche comme favorable aux catégories les plus aisées, ces propos ont fait réagir des élus de l'opposition sur les réseaux sociaux.

Sur Twitter, la députée Les Républicains (LR) des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer et l'ex-numéro deux du Front national Florian Philippot ont dénoncé le "mépris" d'Emmanuel Macron.

Une accusation également portée par la députée La France insoumise de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain.

"Cela traduit un grand mépris de classe. Il ne cesse d'avoir des phrases injustes pour les milieux populaires. Les salariés de GM&S se battent pour leur emploi. On ne peut pas leur dire simplement qu'ils sont des fainéants", a-t-elle déclaré sur LCI.

Olivier Faure, président du groupe Nouvelle gauche (ex-PS) à l'Assemblée nationale a quant à lui dénoncé sur Twitter "le mépris social pour les 'illettrées', les 'fainéants' et les 'riens', et 'en même temps' la compassion fiscale pour les grandes fortunes".

Egalement sur Twitter, le PS a appelé le président de la République "à rester maître de son langage et à respecter les Français".

Par le même biais, Bruno Roger-Petit, porte-parole de l'Elysée, a évoqué une citation "tronquée et sortie de son contexte. Emmanuel Macron a rappelé que la recherche de solutions en matière d'emplois dépend de la responsabilité de tous les acteurs."

Intervenant sur BFMTV, la députée des Yvelines Aurore Bergé, porte-parole du groupe La République en marche (LREM) à l'Assemblée nationale, a déclaré qu'Emmanuel Macron "ne désigne personne par cette expression".

"Ce que dit le président de la République c'est assez simple : il dit qu'il y a du boulot, il dit qu'il y a de l'emploi, qu'il y a des solutions qui existent", a-t-elle déclaré.

Il ne s'agit pas de la première déclaration contentieuse d'Emmanuel Macron. Ses propos sur les salariés "illettrés" des abattoirs Gad en 2014 alors qu'il était ministre de l'Economie ou ses déclarations du mois dernier sur les "fainéants" face auxquels il ne compte rien céder en matière de réformes ont notamment suscité des polémiques.

L'équipementier automobile GM&S Industry a été placé en liquidation judiciaire en juin. L'offre de reprise du groupe GMD, validée par le tribunal de commerce de Poitiers début septembre - la seule qui avait été soumise - prévoit de conserver 120 emplois sur les 277 du site de La Souterraine (Creuse).

La Souterraine et Ussel sont distantes de près de 150 kilomètres. (Myriam Rivet, édité par Julie Carriat)