Nous faisions le point sur les efforts de repositionnement de Ceconomy dans notre dernier commentaire de résultats, publié en décembre dernier dans ces mêmes colonnes.
Il y a du mieux depuis. Sur les neuf premiers mois de l’année fiscale en cours, les ventes augmentent de 5.2%. Surtout, en matière de profitabilité, le groupe boucle son quatrième trimestre d’affilée en territoire positif. Saluée par les investisseurs, une telle performance n’était plus arrivée depuis sept ans.
Le cash-flow reste négatif à cause des abandons de baux d’exploitation, qui espérons-le arriveront rapidement à leur terme. Heureusement, l’échéance obligataire de €500 millions qui arrivait à échéance dans dix-huit mois a été refinancée et repoussée à l’année fiscale 2028/2029.
Voilà qui donne un peu d’air supplémentaire à la trésorerie. Par ailleurs, reste à Ceconomy un crédit permanent à hauteur d’un milliard d’euros toujours non-entamé. A priori, le risque d’insolvabilité semble donc écarté pour de bon.
Le groupe dit avancer avec succès sur tous les axes de son plan stratégique. Néanmoins, une interrogation demeure sur la réussite de sa stratégie digitale. Les ventes n’y décollent pas et le management reste surprenamment réticent à donner davantage de détails.
C’est le sujet qui fâche. L’an passé, le marché sanctionnait durement une baisse des ventes en ligne. Il est possible que ce soit à nouveau ce manque de transparence qu’il continue de punir aujourd’hui.
A moins qu’il ne s’agisse de la contre-performance toujours latente de Ceconomy dans son berceau Allemagne-Autriche-Suisse, qui représente toujours plus de la moitié du chiffre d’affaires consolidé. Au long des neuf derniers mois, les ventes y déclinent encore de 1.8%.
C’est mieux en Europe de l’Ouest — un tiers du chiffre d’affaires consolidé — où les ventes augmentent de 4%. Mais c’est l’Europe de l’Est qui maintient l’ensemble à flot : ce dernier segment délivre une excellente croissance et, s’il ne compte que pour 15% du chiffre d’affaires consolidé, il assure entre un tiers et la moitié du profit d’exploitation de Ceconomy.
La puissance d’achat d’un détaillant d’électronique grand public qui réalise toujours €20 milliards de chiffre d’affaires par an reste sa principale force de frappe. On mesure néanmoins la difficulté herculéenne de son activité au regard des marges microscopiques qu’il parvient à grand-peine à dégager.
En pratique, et pour reprendre l’allégorie de notre précédent commentaire de résultats, le patient Ceconomy est toujours sur la table d'opération, et il serait encore prématuré de parier sur sa rémission. Il est d’ailleurs valorisé comme tel — c’est-à-dire entre cinq et six fois ses profits attendus cette année.