"Vous avez décidé de procéder à une augmentation de capital d’un montant de 10 256 467 euros , du 31 mai au 14 juin 2012 inclus. Pour quelle raison ?
Cette opération s’inscrit en droite ligne avec le plan de développement du Groupe. Elle est censée permettre de renforcer les capitaux propres et la structure financière de la société, par la capitalisation partielle de la créance rachetée par la Financière Poncin aux banques lors de l’accord du 23 avril 2012 et de financer, grâce à l’apport de new money, les investissements commerciaux nécessaires à l’accélération du déploiement à l’international déjà engagé.
Dans ce contexte fort difficile, où les banques ne sont pas enclines à prêter abondamment, disposer d’un matelas nous est paru nécessaire.

Qu’entendez-vous par « une accélération du déploiement à l’international » ?
Les marchés européens et américains sont compliqués en raison de la crise de confiance qui s’est installée. Le marché italien, espagnol, sont sinistré. Le marché français est en fort ralentissement à la suite des dernières élections présidentielles qui ont ouvert la voie à une accentuation des incertitudes.
De ce fait, pour nous développer, il nous est impératif de nous adresser aux marchés émergents, en Chine, en Turquie, en Russie, en Inde, dans les Emirats. Nous ne pouvons pas nous permettre de vendre nos bateaux sur des brochures. Il nous faut montrer des modèles sur des salons, faire des efforts auprès de nos importateurs pour les amener à prendre le risque d’un cofinancement. Typiquement, nous avons vendu il y a six mois un bateau en Chine. L’importateur ne voulait pas a priori nous acheter le bateau et le montrer à sa clientèle. Nous sommes parvenus à le convaincre à payer une partie du bien.
Pour avoir les moyens de financer ces crédits vendeurs, nous avons besoin de renforcer notre trésorerie.

Envisagez-vous le lancement de nouveaux prototypes ?
Nous faisons un nouveau prototype pratiquement tous les ans. Nous avons six modèles à ce jour. Un modèle dure en moyenne six ans.

L’augmentation de capital servira-t-elle à réduire davantage votre dette ?
Pas du tout. Aucun centime découlant de cette augmentation de capital ne sera destiné au financement de notre dette qui je le rappelle s’élève à 1,5 million d’euros à ce jour.

Si la demande s’avérait importante, la société pourra décider d’augmenter le nombre d’actions initialement émises, dans une limite de 15%, soit un nombre maximum supplémentaire de 1 538 470 actions. La probabilité de procéder à cette augmentation est-elle importante à ce jour ?
Dès lors que les actionnaires de référence ne sont pas dilués, autrement dit sont disposés à participer à cette sur allocation de 15%. Nous aurions une consolidation de notre actionnariat. Le groupe familial sera incité à contribuer davantage pour éviter que les fondamentaux de détention ne soient détériorés.

En 2011, nous avions procédé à une augmentation de capital de 7 millions d’euros. La demande s’est élevée à 10 millions d’euros. Nous avons dû refuser trois millions d’investisseurs.

A présent, les années se suivent et ne se ressemblent pas. La crise de 2011-2012 n’est pas comparable à celle de 2008-2009. Le Cac 40 est retombé à 3000 points. Le secteur financier est très affecté. Il a perdu entre 80 et 90% de sa valorisation en 5 ans.
Nous ne pouvons pas préjuger de quel sera l’état de la demande.

Pour autant vous vous dites confiants ?
Bien que nous soyons une petite entreprise, les mouvements sur nos actions sont très importants. En principe, il est rare que les mouvements sur des titres d’une société dépassent sa capitalisation boursière. En 2011, s’est échangé près de cinq fois notre capitalisation boursière. Cette année alors que notre capitalisation oscille entre 17 et 20 millions, a fin mai, se sont échangés 54 millions d’euros.
Ces importants mouvements laissent penser qu’il y a un certain appétit des investisseurs pour nos actions.

Comment l’expliquez-vous ?
Au-delà des fondamentaux sains de la société, nous pouvons l’expliquer par l’implication des membres de la famille dans le capital de la société. Ainsi nous sommes en mesure d’offrir une bonne décote sans dilution importante pour autant.

Avez-vous aujourd’hui une idée de qui sont vos investisseurs ?

Nous n’avons à ce jour pratiquement que des investisseurs particuliers et pas de fonds. Certains fonds ont voulu entrer dans le capital mais nous n’avions pas de place pour eux.

A quelles perspectives de résultats vous attendez-vous pour cette année 2012 ?
L’année dernière, nous avons su résister et ressortir dans le positif alors que le chiffre d’affaires du marché a reculé de 30 à 40%. Cette année, nous anticipons une stabilité de notre chiffre d’affaires dans un marché encore baissier. Nous devrions aboutir à une surperformance de 20 à 25% in fine.

Pour autant vos résultats semestriels ont affiché une perte nette ?
Ces résultats intermédiaires ne sont pas significatifs dans la mesure où nous ne livrons pas de bateau le premier semestre. Depuis le 1er avril, nous livrons pratiquement un bateau tous les quinze jours. Les pertes que nous avons enregistrées devraient en conséquence être essuyées.

De quelle manière ressentez vous la crise à l’heure actuelle ?
L’environnement économique est plus difficile aujourd’hui qu’il ne l’était à la suite de la crise des subprimes. Ceci étant, l’activité de notre société s’inscrit dans un secteur de niche.
Les bateaux que nous commercialisons sont des bateaux de luxe dont le prix moyen est de l’ordre de 1 million d’euro. Ce ne sont donc pas des bateaux que l’on commande au dernier moment. Les ordres sont passés plusieurs mois à l’avance.
A ce titre, nous échappons quelque peu, et davantage que d’autres, à la morosité du marché en réussissant à compenser le fort ralentissement de la demande dans les pays matures, en particulier dans les pays d’Europe du sud, par l’engouement dans les pays émergents. 85% de nos ventes se font désormais en dehors de nos frontières.

Ceci étant, ces pays émergents ne sont pas immunisés face à ce qui se passe sur le Vieux continent…
L’industrie du nautisme en France est très forte notamment du fait du leadership moteur qu’a pris Benetton. En outre, notre clientèle est très fortunée. Elle n’a pas à souscrire un crédit pour acquérir un bateau.

Quel regard portez-vous sur votre cours de bourse. Les derniers experts qui ont eu à se prononcer sur la valeur n'ont pas hésité à dire que le titre était spéculatif, mettant en avant le difficile environnement économique et le manque de visibilité. Ils concluent que le positionnement sur votre action doit être réservé aux investisseurs avertis ?
En 2010, se sont échangés 34 millions de titres pour 86 millions d'euros, soit 2,51 euros par titres en moyenne. En 2011 se sont échangés 60 millions de titres pour 141 millions d'euros, soit 2,35 euros par titre. En 2012, à fin mai, se sont échangés 33 millions de titres pour 54 millions d'euros, soit 1,63 euro par titre. Il est vrai que nous n'échappons pas à la baisse générale des marchés boursiers mais, de prime abord, il est évident que l'investisseur qui fera son entrée dans le capital fera une bonne affaire dans la mesure où le cours s'est ajusté à la morosité générale.


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