Trois options étaient à l’étude chez le fonds américain Lone Star, actionnaire majoritaire de Novo Banco (75%) : une introduction en Bourse, une vente à CaixaBank ou à BPCE. C’est finalement la deuxième plus grosse banque française qui remporte la mise. Le gouvernement portugais et le fonds de résolution bancaire, détenteurs des 25% restants, bénéficient d’une clause de cession aux mêmes conditions que Lone Star. BPCE précise que des discussions sont en cours avec les autorités locales.

Un processus à double voie

Depuis deux ans et jusqu’à il y a quelques jours, le fonds de capital-investissement envisageait une introduction en bourse.

Le scénario d’une vente directe s’est graduellement renforcé et l’idée de jouer sur deux échiquier est née. Certains appellent cela “un processus à double voie”, qui consiste à évaluer les opportunités pour, in fine, obtenir le meilleur prix.  

L’offre de BPCE s’est imposée, d’autant que CaixaBank, concurrent direct, ne bénéficiait pas du soutien du gouvernement portugais. En mai, le ministre des Finances Joaquim Miranda Sarmento s’était opposé à un renforcement des positions espagnoles dans le secteur, déjà dominé à un tiers par des créanciers ibériques.

Une pépite rentable au sud de l’Europe

Novo Banco, héritière de Banco Espírito Santo liquidée en 2014, a été assainie et est aujourd’hui très rentable : un ratio coûts/revenus sous les 35% et un rendement des fonds propres tangibles au-dessus de 20%. BPCE étend ainsi sa présence au Portugal, marché en croissance, et inscrit cette opération dans sa stratégie “Vision 2030”, qui vise à accroître son empreinte européenne. Le projet de création d’un géant de la gestion d’actifs avec l’italien Generali en fait également partie.

L’intégration bancaire à la peine 

Malgré l’importance stratégique de la taille dans le secteur bancaire, les grandes manœuvres de consolidation peinent à se concrétiser. Ce début d’année a pourtant été marqué par des tentatives audacieuses de la part d’Unicredit, qui a multiplié les approches pour racheter Banco BPM en Italie et Commerzbank en Allemagne. Mais ces ambitions se sont rapidement heurtées à la résistance des gouvernements nationaux, soucieux de préserver leur souveraineté financière.

Face à ces obstacles, les banques de taille intermédiaire apparaissent comme des cibles plus accessibles, moins sensibles politiquement. L’acquisition de Novo Banco ne devrait pas faire face à de contraintes réglementaires, d’autant que Novo Banco était déjà détenue par un fonds privé.