Qui aurait cru que le secteur des alcools et spiritueux, autrefois traité par les investisseurs comme l’un des plus rentables et des plus défensifs, puisse ainsi connaître une telle déconfiture depuis la fin de la pandémie ? 

Zonebourse, ses lecteurs fidèles le savent bien, est un observateur attentif de ses différents acteurs. Voir par exemple Rémy Cointreau touche-t-il enfin son point bas ?, Pernod Ricard sur ses multiples de valorisation les plus bas, Diageo : montre ses limites, Carlsberg : "Blue chip" décotée, Anheuser-Busch InBev : Remonte la pente ; de même que, bien sûr, Brown-Forman : Surchauffe sur le marché du whisky

Pour ce dernier, l’année fiscale qui s’achève ne marque pas de rebond mais possiblement une pause de l’hémorragie. En données publiées, les ventes baissent de 5%, le profit d’exploitation de 22% et le profit par action de 14%. En organique, c’est-à-dire ajusté pour les cessions d’actifs des vodkas Finlandia et des vins Sonoma-Cutrer, les choses se stabilisent, voire s’améliorent sensiblement par rapport à l’an dernier.

Sauf sur le segment tequila, en pleine dépression après un long cycle d’euphorie qui a vu l’alcool d’origine mexicaine faire un carton aux Etats-Unis ; mais la tendance s’est manifestement inversée. Au niveau géographique, reflet de tendances lourdes, les ventes reculent aux Etats-Unis comme en Europe et en Australie, de 4% et 5% en organique ; elles progressent d’un niveau comparable sur les émergents et en travel retail.   

Le profit cash — ou cash-flow libre — avant gains exceptionnels sur cessions d’actifs atteint $497 millions sur l’année fiscale 2025, contre $450 millions l’année dernière et $700 millions avant la pandémie. La capacité bénéficiaire du groupe revient donc là où elle était il y a dix ans. Le management ne prévoit pas d’amélioration sur l’année fiscale qui s’ouvre ; il anticipe au contraire une sensible érosion des ventes et du profit. 

A défaut de croissance, le marché valorise donc Brown-Forman par rapport à son dividende, toujours bien couvert par le cash-flow libre, et son statut « d’aristocrate du dividende » justement. Il est vrai que la distribution par action n’a eu de cesse d’augmenter au fil des quarante-et-une dernières années. 

Les analystes de Zonebourse s’étonnent que le groupe n’ait procédé à aucun rachat d’actions au long des douze derniers mois, alors que ses multiples de valorisation revenaient à leurs plus-bas à dix ans. A cet égard, le plancher historique de dix fois l’EBITDA touché pendant la crise des subprimes n’est désormais plus très loin.