FRANCFORT (dpa-AFX) - Les taxes à l'importation annoncées par le président américain Donald Trump ont lourdement pesé sur les actions des constructeurs automobiles européens jeudi. En premier lieu, les actions de Porsche AG ont chuté de 4,7% à Francfort. La DZ Bank estime que l'effet négatif sur les résultats du constructeur de voitures de sport est le plus important. Mais des pertes importantes de 2,2 à 3,6 pour cent ont également été enregistrées chez les autres grands noms allemands du secteur, Volkswagen, BMW et Mercedes-Benz.

Trump a annoncé des droits de douane de 25% sur toutes les importations de voitures, aggravant ainsi le conflit commercial mondial. Les droits de douane s'appliqueront à toutes les voitures importées, des petites voitures aux berlines, en passant par les SUV et les véhicules utilitaires légers.

"Même si cela ne signifie pas que le "faiseur de deals" de la Maison Blanche a dit son dernier mot, c'est une escalade dans le conflit commercial entre les États-Unis et le reste du monde", a souligné Jürgen Molnar du courtier Robomarkets. Commerzbank a parlé d'une "nouvelle étape dans la mise en œuvre de l'agenda protectionniste de l'administration Trump".

La politique tarifaire de Trump sur la scène européenne a également touché de plein fouet la maison mère d'Opel, Stellantis, qui compte également parmi les grands constructeurs automobiles américains avec sa filiale Chrysler. L'action Stellantis a chuté de 4,6% à Paris, atteignant même un plus bas record. L'indice sectoriel européen Stoxx Europe 600 Automobiles & Parts était le dernier du classement sectoriel européen.

L'industrie automobile allemande devrait particulièrement souffrir des droits de douane qui, selon la Maison Blanche, devraient entrer en vigueur le 3 avril. Selon Commerzbank, l'Allemagne se situe au cinquième rang des pays d'où sont importées les automobiles finies aux États-Unis, après le Mexique, le Japon, la Corée du Sud et le Canada. Philippe Houchois de Jefferies Research estime la valeur des droits de douane supplémentaires à environ 2 % du chiffre d'affaires du groupe pour BMW, 1 % pour VW et 10 % pour Porsche AG.

L'analyste Henning Cosman de la banque Barclays a dégradé jeudi les actions BMW à "sous-pondérer", indépendamment des nouvelles sur les droits de douane, en exprimant sa préférence pour Mercedes-Benz. Au sujet des droits de douane, il a déclaré dans son étude qu'ils étaient mauvais pour tout le monde, mais que d'autres les subissaient nettement moins que BMW. Avec ses estimations de résultats opérationnels pour le munichois jusqu'en 2027, l'expert se situe nettement en dessous du consensus.

Selon les experts de Commerzbank, les droits de douane devraient également peser sur les chaînes d'approvisionnement de l'industrie automobile nord-américaine. Aux Etats-Unis, General Motors a enregistré une forte baisse de 6,6% avant l'annonce. Chez Ford, elle était de 3 %. Les importateurs du Canada et du Mexique peuvent toutefois prouver que leurs produits contiennent des composants américains, de sorte que les droits de douane ne s'appliquent qu'à la partie de la valeur ajoutée qui ne provient pas des Etats-Unis.

"Ce n'est pas une mesure symbolique, mais une mesure qui modifie considérablement la structure des coûts de l'industrie automobile américaine", a souligné Daniel Roeska, analyste des constructeurs américains chez Bernstein. Sur le marché américain, il voit Tesla comme un gagnant, alors que les trois grands constructeurs de Detroit ont souffert des taxes élevées. Il a mentionné que l'accord de libre-échange USMCA n'offrait que des possibilités limitées de compensation.

Alors que l'UE et d'autres pays concernés ont déjà évoqué des contre-taxes, le collègue de Roeska, Stephen Reitman, a mentionné la possibilité de négociations. Mais Trump lui-même va encore plus loin dans ses menaces. Si l'UE collabore avec le Canada pour causer des dommages économiques aux Etats-Unis, les deux pays se verront imposer des droits bien plus importants que ceux actuellement prévus, a-t-il écrit sur la plateforme en ligne Truth Social.

Selon Reitman, Trump a déjà rendu les marchés boursiers et obligataires "extrêmement nerveux". Le président américain considère en fait le Dow Jones Industrial, qui a été mis sous pression suite à son investiture, comme un "indicateur important de son succès". Dans ces conditions, il est difficile d'estimer la durée de cette "politique à la tronçonneuse" de Trump si elle provoque un effondrement du marché qui ne soit pas seulement temporaire.

En perspective, le spécialiste de l'automobile Daniel Schwarz, du cabinet d'analyse Stifel, pense toutefois que le soulagement sera en vue dès que le consensus des analystes et les perspectives du groupe auront été adaptés à la nouvelle donne. "Une fois cette situation digérée, la plus grande incertitude à court terme pour les constructeurs automobiles européens devrait être levée", écrit-il. Les constructeurs automobiles locaux pourraient alors, selon lui, redevenir plus attractifs pour les investisseurs./tih/men/jha/