BHP et Glencore Xstrata sont les derniers des cinq grands groupes miniers mondiaux à avoir publié leurs comptes et il semble que BHP ait fait un peu mieux que ses pairs puisqu'il a augmenté sa production de minerai de fer, de cuivre, de charbon et de pétrole tout en réduisant ses charges dans un contexte de baisse des prix des matières premières.

Les grandes houillères de la planète sont forcées de freiner leurs dépenses, de vendre leurs actifs déficitaires et de privilégier leur désendettement après avoir dépensé sans compter des années durant à la faveur d'une flambée des cours des matières premières.

BHP a mis sous le boisseau voici un an plus de 40 milliards de dollars de projets pour faire barrage à des coûts qui s'étaient emballés durant la décennie précédente, lorsqu'il fallait répondre à l'envolée de la demande chinoise.

Présentant les résultats pour la première fois depuis son arrivée à la tête du groupe, le directeur général Andrew Mackenzie a dévoilé mardi un dispositif de réduction des dépenses de prospection et d'investissement plus strict qu'anticipé, puisqu'elles chuteront de 26% à 16,2 milliards de dollars durant l'exercice financier 2014.

BHP compte néanmoins investir 2,6 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros) sur les quatre prochaines années dans le projet Jansen de mines de potasse au Canada.

Cet investissement englobe l'achèvement de la percée des puits et l'installation des infrastructures mais le groupe n'a donné aucun calendrier de démarrage effectif de la production, alors que l'objectif était jusqu'à présent fixé à 2015.

Andrew Mackenzie a expliqué qu'une fois les puits et les infrastructures en place, il faudrait encore un délai de trois ans environ avant de lancer la production, ce qui implique un report à 2020. Il a toutefois ajouté que le groupe déciderait en fonction du marché et de sa capacité à financer le développement du projet.

Andrew Mackenzie a également dit que BHP avait eu des discussions avec des groupes éventuellement intéressés par des participations dans le projet Jansen.

PAS D'OBJECTIF DE CESSION D'ACTIFS

BHP lorgne depuis longtemps un secteur de la potasse depuis longtemps contrôlé par deux cartels, avec pour objectif de profiter de la croissance attendue de ce marché, favorisée par l'essor de la production agricole des les pays en développement dans les années à venir.

Il a déjà investi 1,2 milliard de dollars dans le projet Jansen et son entrée est très surveillée par les gros producteurs mondiaux, dont le leader Potash Corp of Saskatchewan, que le groupe a tenté en vain de racheter en 2010.

Son OPA de 39 milliards de dollars avait été bloquée par le Canada qui redoutait une chute des prix de la potasse et des redevances dans la mesure où BHP comptait se retirer du cartel nord américain.

Le russe Uralkali a donné aux producteurs un avant-goût des conséquences d'une telle décision en quittant lui-même le cartel Belarussian Potash Co.

Le directeur général a également dit que BHP ne s'était pas fixé d'objectifs de cession d'actifs dans la mesure où son bilan s'était renforcé. Le groupe minier a ainsi réduit ses charges d'exploitation de 2,7 milliards de dollars durant l'exercice 2013.

Le bénéfice part du groupe hors exceptionnels ressort à 6,12 milliards de dollars sur six mois à fin juin contre 7,18 milliards un an auparavant et un consensus Thomson Reuters I/B/E/S le donnant à 7,16 milliards.

Divers éléments non opérationnels, liés par exemple à la fiscalité minière australienne, expliquent le décalage entre le résultat réel et le résultat attendu.

Le dividende semestriel a été augmenté de deux cents à 59 cents, alors que les analystes attendaient 60 cents.

BHP Billiton perdait 3,3% à 9h13 GMT à la Bourse de Londres, alors que l'indice FTSE perdait 0,6% et que l'indice européen des ressources de base cédait 2,38%, deuxième plus forte perte sectorielle de la matinée.

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand

par Sonali Paul