Barry Callebaut est le plus grand chocolatier du monde. Les ingrédients qu’il transforme sont utilisés dans un produit de chocolat et de cacao sur quatre consommés dans le monde. Boursièrement parlant, des sommets ont été atteints en 2021. Jusqu’à cette période, la société avait habitué ses actionnaires à des publications plutôt robustes malgré une croissance faible. Mais la progression des volumes – ce qui compte vraiment dans cette industrie – était satisfaisante, tout comme les marges, elles aussi en légère progression. Le tout s’est construit dans un climat de sérénité, avec des prix des matières premières plus de trois fois inférieurs aux prix actuels.

Depuis la fin de l’année 2022, les prix de la matière première ont explosé. En cause : la production en Afrique de l’Ouest, un territoire qui représente environ 70 % de l’approvisionnement mondial, dont 58 % pour la seule Côte d’Ivoire et le Ghana. Cette région a connu des conditions météorologiques très compliquées, avec notamment des épisodes de pluies dévastatrices et des chutes de rendement liées à des maladies, comme par exemple l’œdème des pousses de cacao, apporté par des cochenilles, et qui affectent les arbres et obligent à l'arrachage des plants pour enrayer la progression. Tout cela crée un manque d’offre bien entendu quasi impossible à combler à court terme. Les prix du précieux ingrédient ont ainsi été multipliés par 5 entre octobre 2022 et avril 2024. Depuis un an, les prix sont restés très volatils, et c’est de cela que souffre notre intéressé, Barry Callebaut. Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux, évoque que "la douleur à court terme causée par la flambée et la volatilité sans précédent des prix du cacao est pire que ce que nous avions prévu pour la société".

Les résultats semestriels traduisent un recul des volumes de 4,7 %, à 1,09 million de tonnes. L’entreprise, qui se dit "face à un environnement de marché disruptif et sans précédent", a aussi vu ses profits chuter à cause de la hausse des coûts de financement. La situation pourrait rester sous tension dans les mois à venir. Par conséquent, les volumes ne devraient pas vraiment relever la tête d’ici la fin de l’exercice, la volatilité et le niveau des prix étant trop élevés. D’autre part, le contexte pousse la direction à retarder de 12 mois l’impact positif des économies de coûts réalisées lors des derniers mois.

L’analyste de Kepler Cheuvreux essaie toutefois d’apporter un peu de positif à la situation : "la baisse des prix du cacao devrait conduire à une amélioration de la demande de chocolat et atténuer la pression sur le bilan et les finances de Barry Callebaut". Mais les investisseurs semblent, pour le moment, trop effrayés par les rudes mois d’été qui approchent !

Le titre perd un peu plus de 20 % ce jour.