Zurich (awp) - L'assureur Baloise a dévoilé jeudi un recentrage de ses activités avec la réévaluation de ses participations dans les fintech, de nouveaux objectifs financiers avec des reversements plus généreux aux actionnaires et une compression des coûts qui passera par la suppression de 250 postes.
Le groupe rhénan a lancé une série de mesures visant à améliorer la rentabilité technique, l'efficacité opérationnelle, la croissance dans les segments cible et la productivité du capital. "L'objectif de cette stratégie de recentrage est d'améliorer encore les atouts actuels de Baloise et d'augmenter sa rentabilité", a-t-il souligné dans un communiqué.
"Après avoir analysé en détail nos activités commerciales, nous avons identifié un substantiel potentiel d'augmentation d'efficacité et de réduction des coûts, ainsi que des possibilités de croissance dans toutes nos unités d'affaires", a souligné le directeur général Michael Müller, qui a pris ses fonctions il y a un peu plus d'un an.
Baloise veut ainsi se focaliser sur sa présence géographique et son coeur de métier, tout en se séparant de plusieurs sociétés spécialisées dans les technologies financières ("fintech"), a souligné M. Müller en conférence de presse.
"Nous avons ciblé des entreprises dont nous voulons nous séparer", a souligné le dirigeant, sans plus de précision, ajoutant évaluer d'autres domaines en prévision d'une éventuelle sortie. L'assureur compte notamment dans son portefeuille le portail de services de nettoyage Batmaid ou la plateforme immobilière Houzy.
Au total, le portefeuille en révision concerne une trentaine de projets, dont un quart environ ont déjà été externalisés. L'avenir de l'assureur en ligne allemand Friday est ainsi en suspens, la firme devant améliorer sa rentabilité.
Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, le groupe ambitionne de générer 2 milliards de francs suisses de liquidités d'ici 2025, auxquelles doivent s'ajouter 1 milliard à l'horizon 2027. Au moins 80% de ces liquidités doivent être reversées sous forme de dividende et de rachats d'actions.
L'entreprise veut également "renforcer (sa) discipline en matière de coûts", en abaissant de son ratio de dépenses de 2 à 3 points dans l'activité non-vie. Quelque 250 postes doivent être supprimés dans l'ensemble du groupe.
Le ratio combiné, qui mesure le rapport entre les primes encaissées et les coûts des sinistres, doit s'établir autour de 90% dans l'assurance dommage, alors que le résultat d'exploitation (Ebit) dans l'assurance-vie doit dépasser 200 millions de francs suisses. La rentabilité des fonds propres doit quant à elle se situer entre 12% et 15%.
Objectifs "modérément ambitieux"
Ces annonces ont fait passer au second plan les résultats semestriels du groupe. Le volume d'affaires a reculé de 0,9% sur un an à 5,29 milliards de francs suisses. Dans les affaires non-vie, les primes brutes émises ont crû de 3,2% à 2,72 milliards, alors qu'elles ont reculé dans l'activité vie de 5,1% à 2,16 milliards.
Au niveau opérationnel, le résultat d'exploitation (Ebit) a par contre augmenté de 1,8% à 271,9 millions, tandis que le bénéfice net attribuable aux actionnaires a crû de 6,9% à 219,8 millions. Ce solide résultat a été atteint grâce à la hausse des contributions des activités en Allemagne et en Belgique, ainsi qu'à la bonne performance du segment vie, a précisé le groupe rhénan.
Les intempéries, notamment celles ayant frappé la Suisse en juin, ont coûté environ 80 millions de francs suisses nets à l'assureur. Son ratio combiné s'est du coup dégradé de 3,1 points à 90,4%.
Ces chiffres sont mitigés comparés aux prévisions des analystes consultés par l'agence AWP. Alors que le volume d'affaires est ressorti inférieur aux attentes du marché, l'Ebit et le profit net ont dépassé les attentes.
Pour Simon Foessmeier de la banque Vontobel, les nouveaux objectifs présentés par la direction semblent à première vue "modérément ambitieux". L'analyste "doute que cela soit suffisant", a-t-il estimé dans un commentaire.
A la Bourse suisse, les investisseurs ont plutôt apprécié et l'action Baloise a terminé en hausse de 0,56% à 152,60 francs suisses, dans un SPI en hausse de 0,45%.
Cevian Capital pas satisfait
Dans une réaction publiée en fin d'après-midi, Cevian Capital, un important actionnaire de l'assureur, s'est montré critique face aux mesures annoncées. Robert Schuchna, partenaire de Cevian, les a qualifiées d'"insuffisantes".
Selon lui, pour que Baloise reste un assureur suisse de première classe, il faut un objectif clair et une réelle ambition. Or, les mesures annoncées sont insuffisantes à l'aune de ces deux points. La société de participation suédoise, qui détient 9,4% des actions Bâloise, avait, au préalable, exigé de la direction une orientation plus ferme vers la rentabilité et les dividendes.
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