Entretien de Thierry Ehrmann, PDG d'Artprice, suite à l'interview du CEO de Christie's dans Le Monde, ainsi que les premières tendances sur le Marché de l'Art 2013, avec Thierry Folcher de Trading and Ipo


Thierry Folcher : En découvrant dans le journal Le Monde du 23 janvier 2013 l'entretien du CEO de Christie's, Steven Murphy, on ne peut qu'être troublé par la similitude constante empruntée au postulat d'Artprice sur lequel nous avons débattu dans nos différents entretiens depuis de longues années. Comment l'expliquez-vous ?

Thierry Ehrmann : Cet entretien avec Le Monde est effectivement en parfaite résonance avec la réflexion et les analyses d'Artprice sur le Marché de l'Art, notamment sur ces dix dernières années. Bien que nous ayons eu au cours des années 2000 puis à nouveau en 2008 quelques passes d'armes mémorables et médiatiques avec Christie's, le climat est désormais apaisé. Les propos de Steven Murphy, Président Monde de Christie's, valident et cautionnent pour Artprice l'ensemble de nos stratégies industrielles ainsi que notre analyse du marché en notre qualité de Leader mondial de l'information sur le Marché de l'Art.

Thierry Folcher : Je vous propose de reprendre succinctement les dix questions que Alain Beuve-Méry a posées à Steven Murphy, PDG de Christie's Monde. Et pour démarrer donc, est-ce que 2013 est la meilleure année pour le Marché de l'Art ?

Thierry Ehrmann : Sans développer notre renommé Rapport Annuel sur le Marché de l'Art diffusé auprès de plus de 6300 médias et qui fait autorité en la matière, je peux vous confirmer que 2013 vient de battre tous les records de l'histoire du Marché de l'Art, chiffres à l'appui et ce, malgré une économie mondiale très éprouvée.

Thierry Folcher : Peut-on avoir des chiffres ?

Thierry Ehrmann : Ces chiffres seront communiqués en février 2014, en exclusivité avec l'AFP.

Thierry Folcher : La deuxième question porte sur la prolongation de la tendance en 2014, avec, entre autres, cinq citations précises du CEO de Christie's que j'ai déjà recueillies de votre part ces dernières années concernant "les musées qui nedésemplissent pas quelque soit le continent", "les gens qui veulent sefamiliariser avec l'art à tous les niveaux", "une entrée dans le marchéde l'art inférieure à 2 000 EUR", "la volonté de vivre l'art ainsi que le fait sociologique","c'est une évolution culturelle majeure".
Que répondez-vous ?

Thierry Ehrmann : Effectivement si nous reprenons les quatre derniers entretiens que j'ai eus avec vous, nous pouvons retrouver mot pour mot les propos écrits que je vous ai tenus ces dernières années. Je peux ajouter que nous avons été les premiers à codifier l'industrie muséale, tant sur le plan sociologique qu'économique. Nous avons aussi été les premiers depuis le début des années 2000 à déclarer que nous sortions des 500 000 grands collectionneurs d'après-guerre pour entrer dans un mass market de CSP+ de 70 millions de consommateurs, amateurs et collectionneurs d'art. De même, nous avons longuement insisté sur le fait que le ticket d'entrée dans le Marché de l'Art était très perméable avec plus de 54% des œuvres inférieures à 2 000 $. Enfin, la notion de "vivre l'art et le posséder" qui correspond à "une évolution culturelle majeure" sont à la virgule près nos propos que nous retrouvons dans nos rapports, analyses, communiqués, interviews et études sociologiques que nous publions chaque année.

Thierry Folcher : Quel effet pour vous de voir vos propos résonner à l'identique dans l'entretien qu'a donné Steven Murphy au Monde, surtout lorsque nous connaissons l'historique entre Artprice et Christie's ?

Thierry Ehrmann : Nous ne pouvons que nous réjouir de voir qu'une honorable maison, vieille de 250 ans d'expérience et de tradition, qui pour 2013 est numéro 1 mondial selon nos chiffres à paraître dans notre rapport annuel, abandonne une grande partie de sa doctrine pour rejoindre la vision économique et dématérialisée d'Artprice sur le Marché de l'Art avec l'Internet comme source principale de développement et de profit.

Thierry Folcher : Le PDG de Christie's fait état entre autres "qu'un nouvel entrantréussisse" et que pour cela, Christie's développe les ventes en ligne. Comment réagissez-vous à cela ?

Thierry Ehrmann : Je rappelle que nous avons créé en 2005 la première Place de Marché Normalisée à prix fixe par laquelle transite une offre annuelle supérieure à 4,5 milliards d'œuvres d'art sur lesquelles je précise à nouveau qu'Artprice ne perçoit aucune commission mais enrichit en Big Data sa base de données comportementales de 2,5 millions de membres, dans le respect des lois en vigueur. Cette Place de Marché Normalisée à prix fixe fait l'objet d'une multitude de protections au titre de la propriété intellectuelle sur les différents continents. Il est important de préciser que les propos de Christie's Monde en 2014 sont très loin de ses propos des années 2000. Nous ne pouvons que les féliciter. Dans une économie mondialisée et dématérialisée, seuls les mutants survivront.

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