Paris (awp/afp) - Areva se réorganise dans le cadre de la restructuration de la filière nucléaire française: le groupe en difficulté va regrouper ses activités du cycle du combustible au sein d'une nouvelle société, baptisée provisoirement New Co, tandis que l'activité de construction de réacteurs sera reprise par EDF.

Areva sera en quelque sorte divisé en trois au terme de cette refondation de la filière, engagée en juin 2015 par l'Etat français pour assurer la survie de l'ex-fleuron français de l'atome civil, dont il est actionnaire à 86,5%.

New Co, dont l'activité ira de l'extraction de l'uranium dans les mines à sa transformation en combustible en passant par le traitement des déchets et le démantèlement des centrales, sera constituée au second semestre 2016. La société recouvrira peu ou prou le périmètre de l'ancienne Cogema, qui avait été fusionnée en 2001 avec Framatome pour donner naissance... à Areva.

L'activité de construction et de services aux réacteurs Areva NP sera elle majoritairement cédée à EDF courant 2017 tandis que New Co en détiendra à terme 15 à 25%.

Enfin, la maison mère Areva SA gardera la main sur les autres activités destinées à être cédées, notamment les énergies renouvelables et la production et la maintenance des systèmes de propulsion des bâtiments nucléaires (Areva TA).

Le dossier sensible du réacteur EPR en construction à Olkiluoto (OL3), en Finlande, restera également dans le giron d'Areva SA "qui en assurerait directement ou par l'intermédiaire d'une filiale, le bon achèvement".

Ce chantier, qui accumule déboires et surcoûts, est actuellement assuré par Areva NP mais EDF refuse d'en assumer le risque financier et l'électricien a posé la condition de son immunité comme préalable au dépôt d'une offre ferme, espérée par Areva avant fin 2016.

Le transfert pur et simple du contrat d'Areva NP à Areva SA semblant compromis en raison de l'échec des négociations avec le client finlandais TVO, dont l'assentiment est nécessaire à une telle opération, Areva travaille désormais à "un plan B": ne garder que le contrat OL3 au sein d'Areva NP et transférer tous les autres actifs de la division dans une nouvelle entité "New NP" qui elle pourra être revendue à EDF.

"C'est une option plus complexe (...). Même si elle n'a pas notre préférence, elle permet de mettre en oeuvre la refondation de la filière nucléaire en France", a déclaré le directeur financier d'Areva, Stéphane Lhopiteau, lors d'une conférence téléphonique.

- "Huit milliards d'argent frais" -

Comme Areva SA, New Co bénéficiera d'une partie de l'augmentation de capital de 5 milliards d'euros annoncée en janvier et prévue début 2017, à laquelle l'Etat français participera en tant qu'actionnaire de référence. La répartition de la somme entre les deux entités reste à définir.

Au terme de cette recapitalisation, soumise au feu vert de Bruxelles, l'Etat contrôlera directement ou indirectement, via Areva SA, au minimum 67% de cette nouvelle entité, le solde du capital revenant à des actionnaires minoritaires "stratégiques", peut-être chinois ou japonais.

En additionnant les injections de fonds et les cessions d'actifs évaluées à environ 2,9 milliards d'euros, "ça va faire huit milliards d'argent frais qui devraient rejoindre le groupe dans les prochains mois", a souligné M. Lhopiteau.

Selon Areva, New Co bénéficiera à moyen terme de la hausse projetée de la demande mondiale d'électricité, du développement du parc nucléaire asiatique et de projets de démantèlement de vieilles centrales nucléaires.

Le carnet de commandes s'élevait à 33 milliards d'euros à fin mars, représentant environ huit ans d'activité.

"L'ambition est claire: c'est d'être l'acteur de référence dans les activités du cycle du nucléaire", a affirmé le directeur général, Philippe Knoche, évoquant un marché "porteur" amené à croître "d'un peu plus de 2% par an" jusqu'en 2035.

"L'ambition, c'est de faire de New Co (...) un acteur qui est rentable et créateur de valeur pour ses clients", a-t-il ajouté.

Moyennant un plan d'économies de 500 millions d'euros par an, la nouvelle société vise, à l'horizon 2020, une marge d'excédent brut d'exploitation (Ebitda) d'environ 25%, une marge opérationnelle supérieure à 10% ainsi qu'un cash flow net des activités de l'entreprise "permettant de réduire significativement le taux d'endettement au cours des prochaines années".

afp/rp