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(Easybourse.com) Pouvez-vous nous rappeler les activités de l'entreprise Aquila ?
La vocation première d'Aquila réside dans l'organisation d'un réseau de prestataires partout dans le pays, spécialisés dans l'intervention sur alarme. Notre métier, c'est d'être une sorte d'intermédiaire entre de grands donneurs d'ordres nationaux qui ont besoin de prestataires locaux. Plutôt que d'aller au contact direct d'un réseau qui doit être composé de 300 à 350 entreprises, ils font le choix de s'adresser à nous qui avons déjà sélectionné un vrai réseau de prestataires locaux.

Vous vous adressez donc en priorité à des professionnels ?
Notre clientèle est en effet essentiellement composée de professionnels de la télésécurité, puisque ce sont de grandes enseignes, comme Securitas, qui nous confient en sous-traitance une majorité de particuliers. Leur part dans le chiffre d'affaires représente environ 60% de notre activité.

Nous avons également cherché à diversifier nos sources d'approvisionnement en clients, en allant chercher en contrat direct des abonnés qui sont de grands comptes. Nous sommes une petite organisation, notre force commerciale est modeste et ça n'aurait pas de sens pour nous d'aller passer des contrats d'intervention individuels avec des particuliers un peu partout dans le pays. Par contre, il est intéressant de traiter les interventions du groupe Carrefour, de Champion, Picard ou Norauto.

Vous avez récemment annoncé l'arrivée de l'Aquimobil. De quoi s'agit-il ?
Il s'agit d'un produit dont nous avons enclenché la commercialisation depuis jeudi dernier auprès de notre réseau. Il faut tout d'abord rappeler que jusqu'à présent, un intervenant qui se rendait sur un site pour lever le doute en cas d'alarme, laissait un simple bon d'intervention dans la boite aux lettres du client.

Il y a deux ans maintenant, nous avons commencé à considérer que c'était un peu préhistorique de ne pas se doter d'un outil numérique pour remplacer le carnet à souche, et nous avons donc mis en place l'Aquimobil. Sa fonction principale est d'être un traceur de prestations : il s'agit d'un pocket PC qui géo-localise l'intervenant ainsi que le site sur lequel il doit se rendre, et trace la prestation de son commencement à sa fin.

Comment le client a-t-il trace de l'intervention ?
Dans un premier temps, nous allons déposer dans la boîte aux lettres du client un sticker sur lequel il sera indiqué qu'il a reçu une prestation de sécurité sur son site ou dans ses locaux, et qu'il peut nous contacter pour recevoir de plus amples informations. Dans la phase 2 qui est déjà à l'étude, nous allons ouvrir un portail Internet sur lequel le client pourra se connecter afin de vérifier l'intégralité du contenu de la prestation.

Jusqu'au lancement de la phase 2, le client est donc toujours prévenu par un mot dans sa boite aux lettres. Y a-t-il réellement une évolution par rapport à la méthode du carnet à souche ?
L'intervenant n'est plus contacté par téléphone : il reçoit un message sur son pocket PC, la fiche du client monte automatiquement dans sa machine, il est géo-localisé jusque sur les lieux. L'appareil indique l'heure exacte de son arrivée et de son départ, et le compte-rendu remonte numériquement. La chaîne est simplifiée, et surtout, largement fiabilisée. L'intervenant a dans les mains un outil qui valorise sa prestation. Le client, quant à lui, a pour la première fois dans ce métier une trace absolument irréfutable de la prestation qui a été réalisée chez lui.

Cet appareil inclut-il d'autres fonctionnalités ?
Tout à fait puisque l'Aquimobil intègre également un appareil photo. Nous avons considéré qu'il nous fallait dans un certain nombre de cas, et notamment dans les cas de sinistres, pouvoir prendre une photo de ce que nous avions vu.

Nous avons passé un accord avec Coda System, qui possède un brevet mondial sur un dispositif de photographie reconnu devant les instances judiciaires internationales. La photo qui est prise ne peut pas être retravaillée : elle est géo-localisée, datée et cryptée pour empêcher de la modifier. Il s'agit donc bien de la photo du lieu dit à l'instant dit.

Quels résultats attendez-vous pour la mise sur le marché du produit ?
Nous avons des objectifs de moyen terme. Il nous faut tout d'abord faire nos preuves dans notre propre réseau ; nous avons donc une première tranche de commercialisation sur nos partenaires les plus impliqués dans la démarche réseau, qui va s'achever dans le courant du mois de juillet et qui devrait permettre la mise en place une cinquantaine d'Aquimobil.

La seconde tranche démarrera à ce moment là : elle nous conduira jusqu'au printemps prochain où nous nous sommes fixés comme objectif la vente de 300 exemplaires, c'est-à-dire au moins un exemplaire par entreprise d'intervention. Le produit aura trouvé sa vitesse de croisière à l'horizon de juillet 2008.

Le marché des professionnels de la sécurité n'est pas extensible à l'infini. Quel avenir pour le produit lorsque le marché sera à saturation ?
Quelques adaptations très légères, tenant compte des spécificités de chaque métier, permettront de commercialiser l'Aquimobil en dehors de notre niche historique.

Je pense notamment à l'univers des dépanneurs informatiques. Ces réseaux fonctionnent encore avec un système de bordereaux. Je pense que l'Aquimobil sera très adapté à ce secteur en plein développement. Il faut toutefois que le produit fasse ses preuves dans le domaine de la sécurité dans un premier temps. Nous souhaitons en premier lieu valoriser le produit dans notre réseau.

Des acquisitions sont-elles prévues par Aquila ?
Nous sommes sur quelques projets d'acquisitions, mais nous ne pouvons pas en dire plus pour l'instant. Nous avons également un projet qui nous permettra d'entrer dans le domaine des services à la personne. Les employés des entreprises de sécurité sont présents partout en  France et sont réactifs et disponibles 24h/24. Nous pensons qu'ils pourront un jour rendre d'autres types de services.

Pour nous, les services à la personne, c'est un train qui va démarrer et nous ne voulons pas le rater. Nous sommes donc clairement positionnés dans le futur sur une diversification de nos services. Nous pensons être parfaitement capables de porter des médicaments à domicile, accompagner des personnes âgées aux distributeurs automatiques, allumer le chauffage dans les maisons de campagne…

Vous êtes cotés sur Alternext depuis bientôt un an. Comment s'est passée cette introduction en bourse ?
Elle a été assez formidable. Tout d'abord, elle a été formatrice pour nos équipes : nous sommes entrés dans un nouvel univers avec de nouvelles logiques. Elle nous a aussi appris à nous adresser à un public nouveau : les investisseurs. Ca nous a permis de sortir de notre microcosme habituel, et nous a forcé à adapter notre discours pour qu'il soit mieux perçus et mieux compris. Et puis surtout, nous avons eu un gain de notoriété assez important en dehors de notre marché d'origine.

Que pensez-vous de la concentration et de la professionnalisation du secteur de la sécurité ?
La concentration ne date pas d'aujourd'hui. Il y a presque dix ans qu'on a assisté à des rapprochements, des rachats, des fusions. La sécurité en France est devenue une affaire d'industriels, souvent étrangers.

Pour ce qui est de la professionnalisation, je pense qu'il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, notamment en matière de communication. Nous travaillons dans un métier qui communique peu et qui a une très mauvaise image, à tort dans la plupart des cas. Je ne saurais que trop encourager nos confrères à se montrer et à faire état de leurs compétences.

Propos recueillis par Antoine Pietri

- 20 Juin 2007 - Copyright © 2006 www.easybourse.com

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