NEW YORK (awp/afp) - Wall Street, qui a beaucoup parlé de politique cette semaine sans que cela la fasse vraiment bouger, ne voit ni risque ni moteur dans son horizon immédiat.

Lors des cinq dernières séances, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 0,53% à 20.896,61 points et le Nasdaq, à dominante technologique, a monté de 0,34% à 6.121,23 points. L'indice élargi S&P 500 a cédé 0,35% à 2.390,90 points.

"On va regarder la politique mais si le limogeage (du patron du FBI) James Comey n'a pas fait bouger le marché, je ne suis pas sûr que quoi que ce soit de politique puisse le faire bouger de manière importante la semaine prochaine", a commenté Karl Haeling de LBBW.

Le président américain Donald Trump a congédié mardi soir le premier policier des Etats-Unis, ce qui a déclenché une tempête politique au moment où le FBI enquête sur une éventuelle collusion avec la Russie et a été abondamment commenté à la Bourse de New York sans déclencher un mouvement de ventes massives.

Cet "évènement montre que la politique aux Etats-Unis n'a pratiquement plus d'influence sur les indices", a estimé Gregori Volokhine de Meescahert Financial Services.

Certes le tumulte à Washington "crée des incertitudes" selon les termes de Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors, et semble de mauvais augure pour l'avancée d'une très attendue réforme de la fiscalité qui devrait notamment se traduire par une baisse du taux d'imposition des sociétés.

Mais les promesses de campagne de Donald Trump sont désormais perçues comme une sorte de "bonus" pour les marchés.

"Si cela marche les résultats d'entreprises pourraient être meilleurs. Mais si rien n'est fait l'économie continuera à progresser. Dans l'ensemble les investisseurs regardent la politique mais se concentre sur les les résultats d'entreprises", a commenté Tom Cahill de Ventura Wealth Management.

- La technologie en pointe -

Des résultats d'entreprises particulièrement bons au premier trimestre ont dopé la confiance à Wall Street avec une progression moyenne du bénéfice par action de 13,6% par rapport à la même période en 2016, selon le fournisseur d'information financières Factset qui prend en compte les entreprises du S&P 500 ayant publié leurs chiffres à ce jour (soit 91% d'entre-elles).

Si cette tendance devait se confirmer, "ce serait la plus forte progression annuelle des bénéfices pour l'indice depuis le troisième trimestre 2011", a relevé John Butters de Factset dans une note.

Les bénéfices des secteurs de la finance et des matériaux ont le plus progressé, suivis de la technologie qui a particulièrement avancé cette semaine à la Bourse.

Symbole de cette embellie, le groupe Apple est devenu le premier groupe occidental à dépasser les 800 milliards de dollars de capitalisation boursière.

"C'est le secteur qui dépend le moins de la politique monétaire de la Fed, de la politique à Washington, des réformes de Trump et même de la croissance mondiale puisque c'est un secteur qui se nourrit de ses innovations", a commenté Gregori Volokhine.

L'indice Nasdaq a même battu plusieurs records cette semaine et s'est mieux comporté que le reste du marché, comme il a tendance à le faire depuis le début de l'année.

En revanche, le secteur de la distribution a connu des déconvenues cette semaine comme avec les grands magasins Macy's qui ont subi une correction de près de 20% après des résultats jugés décevants.

Si cela a pu jeter un voile ponctuellement sur l'humeur du marché, les analystes mettaient en avant que les difficultés des acteurs traditionnels du secteur n'étaient pas nouvelles, notamment face à la concurrence du commerce en ligne.

Sur le plan des indicateurs, les analystes ont pris connaissance d'une progression en trompe-l'oeil de l'inflation aux Etats-Unis, gonflée par le secteur volatil de l'énergie, et d'une accélération moins rapide qu'attendu des ventes de détail, toutes deux pour avril.

Ils se pencheront la semaine prochaine sur des chiffres de l'immobilier, de la production industrielle et de l'activité manufacturière dans les régions clefs de New York et de Philadephie .

"Les investisseurs vont regarder ces indicateurs comme preuve que l'économie s'est peut-être améliorée après son taux de croissance de 0,7% au premier trimestre", une performance jugée médiocre, a conclu Hughes Johnson.

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