Dans nos colonnes, nous évoquions à plusieurs reprises ces derniers mois les progrès d’Alstom en dépit de son positionnement particulièrement compliqué. Par exemple, ici puis .

La situation de fond du fabricant de matériel roulant n’a bien sûr pas changé et reste délicate : l’industrie ferroviaire est ultra capitalistique et très exigeante sur le plan industriel. Les cycles de production intègrent de vastes et longs cycles. L’héritage de l’acquisition de Bombardier est bien complexe dans la mesure où Alstom se retrouve avec les nombreux contrats non rentables du Canadien. Enfin, il y a l’endettement, qui est à ce stade maîtrisé mais qui reste une épée de Damoclès si Alstom avait de nouveau du mal à générer des liquidités.

Malgré tout cela, Alstom avait envoyé des signaux rassurants ces derniers mois : de bons chiffres trimestriels, meilleurs que les concurrents, un carnet de commandes bien rempli qui permet une visibilité retrouvée et un soutien général des pouvoirs politiques en faveur du transport ferroviaire.

C’est dans ce contexte favorable que les actionnaires attendaient les résultats du groupe ce matin.

Les chiffres annuels – exercice décalé – sont conformes aux attentes des analystes. Les revenus grimpent notamment de 6,6 % en données comparables et le flux de trésorerie libre est positif à hauteur de 502 M€, soit un niveau bien supérieur aux attentes du consensus qui visait 330 M€. Malgré tout, dans une optique protectionniste, aucun dividende ne sera versé au titre de l’exercice.

Toutefois, les perspectives gâchent la fête. Elles sont jugées trop prudentes. La croissance organique est attendue entre 3 % et 5 %, ce qui correspond à une fourchette plus basse que l’an dernier. Chose similaire sur les free cash flows, l’indicateur de performance le plus suivi chez Alstom, qui sont attendus entre 200 et 400 M€ seulement.

Comme souvent, l’importance des perspectives prime sur les résultats. Oddo BHF regrette ces annonces : “Le groupe ne sera pas en mesure de faire progresser son flux de trésorerie libre année après année et 2025-2026 restera une année de transition, toujours impactée par la consommation de besoins en fonds de roulement”.

Alstom efface ainsi une grande partie de ses gains d’Avril. Dans une telle industrie, le chemin se fait pas à pas. Alstom est en bonne voie. Mais les gains d’efficacité, tout autant que les possibilités favorables qu’offrent le plan de relance allemand dans les infrastructures, prendront du temps à se matérialiser. Lentement mais sûrement, sous-entendu bien sûr que la situation opérationnelle ne se dégrade pas.