L’annonce a été faite à l’ouverture d’un événement consacré à l’innovation, organisé par le groupe un mois après avoir reporté son projet d’avion régional à hydrogène. Une façon, sans doute, de recentrer le discours sur des pistes plus immédiatement crédibles.
Faury s’est néanmoins voulu ambitieux : "Il y aura une avancée significative avec la prochaine génération d’avions, et nous explorons des technologies qui peuvent réellement faire la différence." Parmi elles, le fameux moteur à rotor ouvert développé par CFM, coentreprise franco-américaine entre GE Aerospace et Safran, dans le cadre du programme RISE. Un moteur aux allures d’hélice rétrofuturiste, qui promet une réduction de la consommation de carburant de 20% d’ici 2035.
"Peut-être que ce ne sera pas révolutionnaire, mais un rotor ouvert, à mon avis, c’est déjà une petite révolution", a glissé Faury, pragmatique mais visiblement séduit par cette technologie.
Il faut dire que les grands du secteur, Airbus comme Boeing, avancent prudemment. Aucun lancement de nouveau programme monocouloir n’est attendu avant plusieurs années. En ligne de mire : des gains d’efficacité moteur, qui n’arrivent qu’une fois par décennie et demie. Il s’agit de ne pas rater le coche.
CFM, qui domine actuellement le marché mondial en volume, affronte toujours Pratt & Whitney (RTX Corporation) sur le segment des moyens courriers, tandis que Rolls-Royce, discret depuis quelque temps, lorgne un retour dans la danse.
Quant au projet d’avion à hydrogène, initialement prévu pour 2035, il est désormais en stand-by. Faury assume le report : Airbus ne veut pas d’un "Concorde de l’hydrogène", clin d’œil à l’illustre mais coûteux supersonique franco-britannique. "Il faut éviter l’effet vitrine au détriment du réalisme économique", semble-t-il dire entre les lignes.
Aucune nouvelle échéance officielle n’a été donnée, mais selon Force Ouvrière, les équipes ont été informées d’un retard technologique de cinq à dix ans. Autant dire que l’horizon 2035 paraît bien flou.
Malgré tout, l’objectif d’un secteur aérien neutre en carbone d’ici 2050 n’est pas abandonné. Il reste, selon Faury, "atteignable, bien qu’encore fragile", principalement à cause de la lenteur des progrès sur les carburants alternatifs. "Je ne pense pas que nous ayons tort de viser zéro émission nette en 2050… Peut-être que cela prendra un peu plus de temps, mais il ne faut pas renoncer à l’ambition", a-t-il conclu.