C’était pourtant le cas à l’automne dernier, lorsqu’un violent trou d’air envoyait la valorisation du groupe de Minneapolis sur ses plus-bas historiques. Voir à ce sujet 3M : Encore une mega-cap sous pression publié dans ces mêmes colonnes en octobre.
Vendredi, suite à la publication des résultats semestriels, ladite valorisation connaissait son jour le plus faste depuis 1987 avec un bond journalier de 23%. On partait de loin, certes, tant l’actualité de 3M restait teintée d’une actualité judiciaire douloureuse liée aux affaires de ses protections auditives défaillantes et de ses produits chimiques PFAS.
Les craintes d’un scénario cauchemardesque à la Bayer étaient alors très vites. Mais plutôt qu’à moitié vide, les investisseurs voient désormais le verre à moitié plein, et les craintes qu’un nouveau cadavre sorte du placard se sont manifestement estompées.
En parallèle, la nomination de Bill Brown — auréolé du succès du difficile redressement de L3Harris — au poste de CEO le 12 mars dernier a manifestement été très appréciée, en plus bien sûr du spin-off de Solventum — l’ancienne division santé de 3M — réalisée le mois suivant dans de bonnes conditions.
Au-delà de ses multiples talents, et à en juger par l’accueil réservé par le marché aux résultats semestriels du groupe, Bill Brown semble parfaitement bien maîtriser le subtil art de la communication financière puisque la récente publication, certes bien tournée, n’offre à vrai dire rien de particulièrement grisant.
Les ventes sont en légère décroissance et le profit d’exploitation — ajusté des provisions exceptionnelles passées l’an dernier à la même époque — n’évolue guère. Pas d’amélioration non plus — plutôt l’inverse — au niveau des cash-flows, même si en la matière il serait prématuré de tirer des conclusions sur six mois.
Nous nous étions trompés en octobre lorsque nous supposions que le dividende resterait sanctuarisé et que les rachats d’actions seraient suspendus, puisque c’est précisément l’inverse qui s’est produit sur les six derniers mois. La bonne nouvelle, c’est que pour la première fois depuis longtemps, les rachats d’actions en question ont été réalisés à une valorisation qui faisait sens.
A part ses affaires judiciaires, le vrai défi de 3M — au centre du mandat de Bill Brown — restera de renouer avec la croissance organique. Malgré des budgets R&D conséquents et encore amenés à augmenter, celle-ci fait depuis beaucoup trop longtemps défaut au groupe.