C'est fait ! Ce qu'attendaient depuis un moment les experts est finalement arrivé : Mukesh Ambani a pris des parts dans un champ énergétique, gazier en l'occurrence, hors des frontières indiennes. Reliance Industries, en s'emparant de 40% du champ Marcellus Shale, une importante formation rocheuse qui s'étend de la Virginie de l'Ouest à l'Etat de New York, met donc enfin un terme à sa dépendance vis-à-vis de son marché domestique, où résident 97% de ses actifs.

Après avoir tenté, en vain, de prendre des parts dans le groupe canadien Value Creation, puis dans le chimiste néerlandais LyondellBasell, Ambani n'a cette fois pas raté son coup. Reliance, pour 1,7 milliard de dollars, sera propriétaire de 40% du champ Marcellus – soit 48 000 des 120 000 hectares –, qui sera désormais exploité par une coentreprise entre l'américain Atlas, qui a vendu une partie de ses parts, et Reliance. Le groupe indien investira en outre 3,4 milliards pour couvrir sa part des coûts de développement du site pendant les dix prochaines années.

Une contrepartie à la fin des relations avec l'Iran ?
Le 1er avril dernier, Ambani avait décidé de ne pas renouveler son contrat d'importation de pétrole brut avec l'Iran pour 2010 (Reuters, 01/04). En 2009, Reliance avait importé 90 000 barils de brut par jour de pétrole de la République islamique. Désaccord sur les prix ? Pas sûr. Plus sûrement, cette décision serait liée à la pression politique exercée par Washington sur Téhéran, pour le contraindre à mettre un terme à son programme nucléaire. Facile dans ce contexte de mettre en relation ce départ d'Iran et l'achat, comme un renvoi d'ascenseur, de participations dans un champ américain.

Mais ce qui est certain, c'est que le sol américain regorge de ressources gazières inexplorées. Selon le milliardaire américain T. Boone Pickens, les réserves américaines de gaz, grâce aux nouvelles techniques de forage, représenteraient un siècle de consommation domestique. Mais pour extraire le gaz, des partenariats sont nécessaires, et Mukesh Ambani, quatrième richesse mondiale et fort de 3 milliards de dollars de cash disponibles, a sauté sur l'occasion.