(Actualisé avec sortie, déclaration)

BORDEAUX, 18 juin (Reuters) - Patrice de Maistre, ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, est sorti de prison lundi après trois mois de détention dans une enquête portant notamment sur un possible financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

L'ancien homme de confiance de l'héritière de L'Oréal , qui reste mis en examen pour "abus de faiblesse, abus de biens sociaux et escroquerie aggravée", a du payer deux millions d'euros de caution qui s'ajoutent à deux autres millions déjà acquittés au début de l'affaire.

Il n'a pas fait de déclaration détaillée lors de sa sortie de la maison d'arrêt de Gradignan (Gironde) dans la soirée, en voiture, avec son avocat bordelais Me Christophe Cariou-Martin.

"Je suis très fatigué. Je ferai une déclaration plus tard", a-t-il dit, s'adressant à la presse avoir baissé la vitre de la voiture. Il a confirmé qu'il se disait innocent. Il était écroué depuis le 23 mars.

Le juge d'instruction Jean-Michel Gentil a décidé de cette libération après avoir procédé la semaine dernière à des confrontations avec d'anciens membres du personnel de maison des Bettencourt, un avocat suisse et le gestionnaire d'une société de compensation.

Auparavant, trois demandes de remises en liberté avaient été rejetées.

Le 8 juin, trois anciens membres du personnel de Liliane Bettencourt, l'ex-majordome Pascal Bonnefoy, l'ex-comptable Claire Thibout et l'ex-femme de chambre Dominique Gaspard, avaient successivement été mis en présence de l'ancien homme de confiance de l'héritière de L'Oréal dans le bureau du juge.

Le 14 juin, Patrice de Maistre a été confronté par visio-conférence à l'avocat suisse des Bettencourt René Merkt, impliqué dans des retraiits d'argent sur les comptes en Suisse de la milliardaire puis avec le directeur de l'organisme de compensation Cofinor, Vahé Gabrache.

Les débats auraient porté sur l'utilisation de ce système de compensation pour rapatrier en France 4 millions d'euros en liquide extraits des comptes suisses des Bettencourt en sept versements entre 2007 et 2009.

Patrice de Maistre a reconnu avoir supervisé ces mouvements d'argent mais dit l'avoir fait à la demande des Bettencourt et leur avoir remis l'argent, dont il assure ne pas connaître la destination finale.

Le juge d'instruction s'interroge notamment sur deux retraits d'espèces de 400.000 euros chacun au moment de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Ces retraits coïncident avec une rencontre entre Patrice de Maistre et Eric Woerth, et aussi avec la possible visite de Nicolas Sarkozy chez les Bettencourt à Neuilly.

L'immunité dont Nicolas Sarkozy bénéficiait en qualité de président ayant expiré le 15 juin au soir, l'ancien chef de l'Etat pourrait être rapidement entendu par le juge d'instruction.

Nicolas Sarkozy a pris les devants en faisant parvenir au juge une copie certifiée conforme de son agenda pour la période concernée et fait placer l'original chez un huissier. Il atteste, selon lui, du fait qu'il n'est rendu qu'une fois chez les Bettencourt, le 24 février 2007, pour "une visite de courtoisie". (Claude Canellas, édité par Thierry Lévêque)