Car les ennuis de Fredriksen ne s’arrêtent pas là : invoquant jeudi des risques pour la concurrence sur le marché des navires de croisière, la Commission de Bruxelles – gardien de la concurrence – a ouvert une enquête approfondie sur une prise de participation des chantiers navals sud-coréens STX Shipbuilding dans leur concurrent norvégien Aker Yards.

Rappel de l’épisode précédent

STX avait créé la surprise, fin octobre, en annonçant l'achat d'une minorité de contrôle de 39,2% dans Aker Yards pour un montant de 800 millions de dollars (563 millions d'euros). Si les chantiers navals sud-coréens se situent ainsi juste en dessous du seuil de 40% les obligeant à lancer une OPA, certains analystes n'excluent pas que l'objectif final soit une absorption complète.

La Commission européenne se donne jusqu'au 15 mai 2008 pour « apprécier les éventuels effets anticoncurrentiels sur le marché des navires de croisière », qui compte seulement « trois grands acteurs dans le monde entier, dont Aker Yards », souligne-t-elle dans un communiqué.

« STX était en réalité très près d'entrer sur ce marché et de devenir un concurrent pour les acteurs déjà présents », selon Bruxelles qui juge que sa prise de participation dans Aker Yards « risque de faire disparaître un nouvel entrant potentiel et d'avoir des effets anticoncurrentiels ».

Leader de la construction navale en Europe au coude-à-coude avec l'italien Fincantieri, Aker Yards compte 18 sites dans 8 pays, notamment en France, où il détient 75% des ex-Chantiers de l'Atlantique.

Craintes ministérielles hexagonales

L'annonce de l'entrée au capital de STX avait suscité des remous en France, où les syndicats s'étaient inquiété pour les emplois en dénonçant un « péril asiatique ». L'intersyndicale des ex-Chantiers de l'Atlantique avait demandé à la France et aux Etats européens où le groupe scandinave est présent (Finlande, Allemagne, Roumanie, etc.), de faire « une entrée majoritaire dans le capital » de l'entreprise afin de « sécuriser la construction navale ».

La ministre française de l'Economie Christine Lagarde avait indiqué que le gouvernement français serait « vigilant » et « prêt à participer » si une solution industrielle de type européen était mise en place. Elle a réaffirmé mardi à l'Assemblée nationale que le gouvernement français était « vigilant » face à la participation coréenne.

Tout en notant que STX n’est pas tenu à son niveau actuel de participation de présenter d'offre publique d'achat, elle a qualifié la situation de « préoccupante ». Aker Yards a pris des « engagements à l'égard du gouvernement français » car les chantiers de l'Atlantique ont une activité militaire comme civile. « Ces engagements seraient maintenus si STX devait participer au conseil d'administration, et si d'aventure (...) il devait prendre plus que le contrôle minoritaire, le groupe sud-coréen serait tenu de prendre les mêmes engagements », a-t-elle ajouté.

« Mais que diable allait-il faire dans cette galère », doit de se demander Fredriksen, si d'aventure il lui prenait l’envie de paraphraser le Géronte de Molière...