« Nous n'avons jamais eu de problèmes pour lever des fonds auprès de nos actionnaires, mais si les conditions de marché sont favorables, nous pourrions, pourquoi pas, décider d'une introduction en Bourse », a déclaré Marcelo Vieira, responsable des branches sucre et éthanol d'Adecoagro (Business Week, 02/02). Les actionnaires seront également sollicités, et ils ne devraient pas rechigner à mettre la main à la poche, vu les perspectives.

Adecoagro, fondé en 2002 par Soros et un groupe d'investisseurs suite à la crise du peso en Argentine, ambitionne notamment de plus que doubler sa production de sucre au Brésil, afin de produire 11 millions de tonnes métriques à l'horizon 2016. Pour cela, les surfaces destinées à la culture de la cane passeront de 50 000 à 120 000 hectares d'ici à 2016. L'acquisition d'une sucrerie et de nouvelles machines est également envisagée pour renforcer les capacités de production.

Le sucre est en effet une valeur plus que sûre : les prix ont doublé en 2009, en raison d'aléas climatiques défavorables, au Brésil et en Inde, qui ont fait bondir les cours. Mais de toute façon, catastrophe naturelle ou pas, la demande de sucre a vocation à grimper, estiment les spécialistes du secteur.

Vers la naissance d'un géant de l'agroalimentaire
A coup d'acquisitions réalisées auprès de grands groupes familiaux, la holding fondée par Soros totalise aujourd'hui 340 000 hectares de terres cultivables. Le groupe, qui s'est jusque là dédié à la production de grains, développe à présent une stratégie d'ajout de valeur à la production primaire. On perçoit, au fil des récents achats et partenariats, une volonté de se procurer la capacité productive et la technologie suffisante pour mettre en route des projets agroindustriels de grande ampleur.

Il en ressort un positionnement sur des cultures d'avenir telles que le sucre, l'éthanol, le lait en poudre, le riz, le soja, le café et peut être bientôt la viande porcine, autant de produits dont les cours mondiaux se sont envolés ces dernières années. George Soros, qui détient 30% de la holding, entend bien faire d'Adecoagro un leader agroalimentaire d'envergure mondiale.

Comme son acolyte Jim Rogers, avec qui il a fondé le Quantum Fund, Soros est un fervent défenseur de l'investissement dans les matières premières et agricoles, qui offrent une rentabilité proportionnelle aux besoins grandissants de la planète. Car il faudra bien nourrir les 9 milliards d'individus qui la peupleront en 2050. Pour notre homme d'affaires, agriculture et pays émergents représentent une combinaison d'avenir. Difficile de le contredire...