PARIS, 8 novembre (Reuters) - Le gouvernement demande vendredi au groupe Kering de surseoir à toute décision sur la cession de La Redoute afin d'ouvrir une phase de dialogue avec l'Etat, les salariés et les élus concernés sur le sort industriel de l'entreprise de vente par correspondance.

Quelque 1.200 personnes, en majorité des salariés de La Redoute et leurs familles, ont manifesté jeudi à Lille, avec le soutien de la maire socialiste Martine Aubry, pour réclamer des garanties sur l'emploi.

Selon les syndicats, environ 700 postes seraient menacés à La Redoute, que Kering (ex-PPR) a mis en vente.

"L'annonce concomitante d'une cession de l'entreprise et des conséquences sociales qui lui seraient attachées ne peut que nourrir l'incompréhension et la crainte des salariés, des élus locaux comme de l'Etat", déclarent dans un communiqué commun les ministères du Redressement productif et du Commerce.

"Garantir que seront financées par le groupe Kering les mesures d'accompagnement social que le repreneur devra mettre en oeuvre ne saurait tenir de stratégie industrielle ni apporter aucune espèce de garantie s'agissant de l'avenir de l'entreprise", soulignent-ils.

Kering a dit étudier les projets de reprise d'un fonds d'investissement et d'un industriel - "l'un anglo-américain avec des activités en France et avec une vocation industrielle, l'autre français" -, ajoutant qu'il ferait connaître son choix dans les prochaines semaines.

"Toute décision apparaissant comme prise dans la précipitation serait de nature à radicaliser les positions et à aggraver les incompréhensions", déclarent Arnaud Montebourg et Sylvia Pinel dans leur communiqué.

"Dans un esprit de responsabilité et de patriotisme, qui ont toujours été la marque de François-Henri Pinault, le groupe Kering doit surseoir à toutes décisions pour laisser le temps au nécessaire dialogue avec les salariés, les élus locaux et le gouvernement", ajoutent-ils.

Kering n'a pas souhaité faire de commentaire. "Le principe d'une cession de La Redoute est connu depuis 2009", a toutefois rappelé un porte-parole du groupe. "Il a été lancé en 2012 et cinq réunions de travail avec les partenaires sociaux de La Redoute se sont déjà tenues depuis juin 2013."

L'ancienne ministre du Travail Martine Aubry, qui doit mardi rencontrer François-Henri Pinault à Paris et s'entretenir du dossier avec François Hollande, a mis en garde Kering contre "une catastrophe sociale".

"François-Henri Pinault a une responsabilité d'actionnaire mais aussi une responsabilité morale", a-t-elle dit jeudi. (Sophie Louet, Gilles Guillaume, édité par Dominique Rodriguez)