* 700 suppressions de postes annoncées

* Kering étudie les offres de deux repreneurs

* La maire de Lille en guerre contre Pinault (Actualisé avec conférence de presse Martine Aubry)

LILLE, 7 novembre (Reuters) - La maire de Lille, Martine Aubry, a demandé jeudi des comptes à François-Henri Pinault, le PDG de Kering, sur l'avenir de La Redoute, affirmant qu'elle s'opposerait à la cession de l'entreprise sans garanties fermes sur son avenir.

Quelque 1.200 personnes selon la police, en majorité des salariés de la société de vente par correspondance et leurs familles, ont manifesté jeudi à Lille pour dénoncer la suppression annoncée de 700 emplois.

François-Henri Pinault était la cible de slogans hostiles. Kering (ex-PPR) entend se défaire de sa branche distribution pour se recentrer sur le luxe et le style de vie.

Le groupe étudie deux projets de reprise, "un fonds d'investissement et un industriel" anglo-américain et français, et devrait faire connaître son choix dans les prochaines semaines.

"Nous n'acceptons pas de cession tant que nous ne savons pas quel est l'avenir industriel de La Redoute", a déclaré Martine Aubry après avoir reçu les responsables syndicaux et des salariés de l'entreprise.

L'ancienne ministre socialiste du Travail, qui est entrée en guerre contre Kering, doit rencontrer François-Henri Pinault le 12 novembre à Paris.

Elle a précisé qu'elle s'entretiendrait mardi de la situation avec François Hollande à l'occasion d'un déjeuner. Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a en outre demandé des explications au PDG de Kering par téléphone, a-t-elle indiqué.

"POURQUOI LA REDOUTE EN EST LÀ"

"François-Henri Pinault a une responsabilité d'actionnaire mais aussi une responsabilité morale", a souligné Martine Aubry, entourée des maires de communes de la métropole lilloise où sont implantés des sites de La Redoute.

"Je veux qu'on explique pourquoi La Redoute en est là. La Redoute a été mise en difficulté depuis 2007. (...) Si La Redoute perd aujourd'hui de l'argent, c'est parce que les investissements n'ont pas été faits par Kering en matière logistique et informatique", a-t-elle ajouté.

"Je veux démolir le discours qui n'est pas le discours de la réalité et qui n'est pas acceptable de la part d'un dirigeant d'un grand groupe français", a conclu la maire de Lille.

Le maire de Tourcoing et vice-président de la communauté urbaine de Lille, Michel-François Delannoy, estime à environ 160 le nombre de sous-traitants de La Redoute et à 6.000 les salariés employés par ces sous-traitants. L'entreprise emploie environ 2.500 personnes en France.

"Sur les modalités, nous souhaitons limiter au maximum le nombre de licenciements. (...) Rien n'est formel ou officiel, tout va dépendre du projet que nous choisirons. Et ce ne seront pas forcément des départs, il y aura aussi des transferts de postes", déclare le directeur général de Kering, Jean-François Palus, dans un entretien paru mercredi dans La Voix du Nord.

Les salariés attendent "des garanties sur les conditions de départ qui vont être mises en place par La Redoute", a expliqué Jean-Claude Blanquart, délégué CFDT.

"Franchement, c'est une surprise, le ciel vient de nous tomber sur la tête", témoigne Sylvie, 37 ans, qui travaille depuis neuf ans sur le site de Wattrelos. "Un groupe qui gagne de l'argent grâce à ses salariés ne doit pas les laisser tomber, on veut des garanties sur les conditions de départ." (Pierre Savary, édité par Sophie Louet)