* America Movil prêt à renoncer à son offre

* La fondation peut bloquer l'offre 2 ans en théorie

* Elle souhaite une offre améliorée

* L'action KPN perd près de 4% (actualisé avec réponse d'America Movil)

BRUXELLES, 30 août (Reuters) - America Movil a menacé vendredi de renoncer à son offre d'achat de 7,2 milliards d'euros sur l'opérateur télécoms néerlandais KPN, après l'annonce par une fondation actionnaire de ce dernier de sa volonté d'opposer son veto au projet si le prix n'est pas relevé.

La fondation KPN, instance indépendante chargée de protéger les intérêts des actionnaires et des salariés, a annoncé jeudi être intervenue pour empêcher America Movil, l'un des fleurons du groupe de l'homme d'affaires mexicain Carlos Slim, de mettre la main sur l'ex-monopole des télécommunications aux Pays-Bas.

Elle a exercé jeudi soir une option lui assurant près de la moitié des droits de vote de KPN, ce qui lui permet de bloquer l'offre d'achat, en théorie pendant deux ans.

La fondation estime défendre ainsi au mieux les intérêts des actionnaires, de la clientèle, du personnel "et de la société néerlandaise en général". (voir )

America Movil lui a sèchement répliqué vendredi qu'il n'avait pas l'intention d'améliorer son offre. Un porte-parole du groupe mexicain a déclaré à Reuters que la fondation avait fait preuve de "manque de respect" à son égard.

"Nous sommes très troublés par la position prise par cette fondation. Je ne sais pas s'il s'agit d'une stratégie de négociation mais ce n'est certainement pas la bonne", a dit Arturo Elias, accusant la fondation de proférer un "gros mensonge" en affirmant que l'offre d'America Movil est hostile.

De son côté, la fondation reproche au groupe mexicain de ne pas avoir consulté KPN avant de dévoiler son offre.

"Les règles du football sont les mêmes au Mexique et aux Pays-Bas mais racheter une grande entreprise n'a rien à voir avec le football. Nous avons ici des règles différentes de celle du Mexique", a dit son président, Jacques Schraven.

Il a déclaré lors d'une conférence de presse que la fondation souhaitait voir America Movil présenter une offre "équitable" et conclure des accords avec les différentes parties concernées, comme les salariés, avant de lancer officiellement son offre.

DES SUITES JUDICIAIRES POSSIBLES

America Movil a démenti que son offre revienne à remettre en cause les intérêts de la société néerlandaise.

"America Movil est une société qui continue de croître, servant plus de clients et investissant plus dans le développement de nouveaux services. C'est ce que nous voulons faire avec KPN", a dit le groupe mexicain dans un communiqué.

"Nous pensons que nous pouvons en faire une société meilleure, en croissance, qui crée des emplois, plus compétitive et en définitive suffisamment forte pour demeurer un acteur important, chez elle et à l'étranger", a-t-il ajouté.

America Movil a rencontré les syndicats de KPN mercredi, affirmant qu'il poursuivrait la stratégie actuelle.

La fondation KPN souhaite toutefois qu'un dialogue s'instaure entre America Movil, le conseil d'administration de KPN et le gouvernement néerlandais.

"Je pense qu'elle veut un prix plus élevé et de meilleures conditions", a dit un gestionnaire d'un fonds spéculatif actionnaire de KPN. "Peut-être qu'America Movil relèvera son offre à 2,60 euros mais s'il la retire, l'action se traitera entre 2 et 2,10".

L'action KPN a perdu 3,41% vendredi pour finir à 2,21 euros.

America Movil détient déjà près de 30% de KPN et propose 2,40 euros par titre pour racheter le reste de la société. Il avait payé 3,24 euros par action environ pour sa participation, en incluant les titres rachetés dans le cadre d'une augmentation de capital réalisée par KPN cette année.

L'opérateur télécoms mexicain a fait savoir qu'il disposait des financements nécessaires à l'opération et qu'il comptait la lancer en septembre.

Autre option envisageable, Carlos Slim, devenu en 2013 l'homme le plus riche du monde, pourrait traduire la fondation en justice.

"Nous se serions pas surpris de voir America Movil (saisir l'Union européenne) afin de contester l'autorité et la légalité de la fondation", estime Imari Love, analyste chez Morningstar.

"Il est évident que la fondation souhaite conserver KPN dans le giron néerlandais en utilisant cette pilule empoisonnée, qui dans les faits a le même résultat qu'une action spécifique ("golden share"), qui est elle illégale". (Robert-Jan Bartunek, Constance de Cambiaire pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)

Valeurs citées dans l'article : America Movil SAB de CV, KPN KON