C'est que tous les oligopoles ne se traduisent pas par une manne sonnante et trébuchante pour leurs membres, comme nous l'écrivions en 2023 dans Nokia : Surplace parti pour durer et plus tôt cette année dans Nokia : Plus rien de surprenant après un nouvel avertissement sur résultats.
Perpétuel 'value trap' - ces entreprises décotées sur actifs qui le restent de manière structurelle tant leur profitabilité ne s'améliore pas - Nokia n'en présentait pas moins un profil intriguant à certains égards puisque, comme chez Ericsson, la valeur du portefeuille de brevets couvrait sans doute au moins la moitié de sa valeur d'entreprise.
Bien sûr, l'investissement de Nvidia n'est ici qu'un jeton anecdotique pour la première capitalisation boursière mondiale - et une goutte d'eau si on le compare par exemple à la promesse d'investir cent milliards de dollars dans OpenAI.
Elle donne cependant du relief à l'énième plan stratégique de réinvention de Nokia, qui vise à présent à intégrer l'intelligence artificielle dans ses technologies, notamment dans les réseaux sans fil.
Toujours en panne de croissance, Nokia réalisait en 2024 son deuxième meilleur exercice fiscal en quinze ans, avec un profit cash - ou cash flow libre - de deux milliards d'euros qui lui permit de procéder à un rachat d'actions substantiel, d'augmenter son dividende et d'améliorer son bilan.
Le groupe finlandais faisait aussi l'acquisition d'Infinera, spécialiste américain des réseaux optiques, avec notamment pour ambition de capter des parts de marché dans le très dynamique secteur des data centers. Il s'agira cependant de commencer par redresser la situation de l'américain, mal capitalisé, et qui affrontait récemment une préoccupante baisse de ses ventes.
Nokia publiait hier ses résultats financiers à neuf mois. À ce stade, il est clair que l'exercice 2025 sera moins bon que 2024, avec un cash flow libre attendu sous la barre des 1,5 milliard d'euros sur douze mois - identique à la virgule près à la moyenne des cinq dernières années, qui, espérons-le, ne sera pas éternellement un horizon indépassable.
Le cloud et l'intelligence artificielle sont des débouchés prometteurs, bien sûr, mais Nokia n'en est pas à son coup d'essai en matière de promesses avortées. Depuis qu'il s'est fait déloger de son piédestal dans la téléphonie mobile par Apple et Samsung, le Finlandais a tenté moult tentatives de réinvention, sans jamais réussir à transformer l'essai.
Un célèbre aphorisme boursier anglo-saxon stipule que 'The four most expensive words in the English language are: This time it's different'. Effet de halo lié à l’engagement Nvidia oblige, avec une valorisation boursière désormais revenue sur ses plus hauts à dix ans, les investisseurs font pourtant le pari que cette fois-ci sera différente...

















