Paris (awp/afp) - Les Bourses mondiales flanchent de concert vendredi, perdant pied après des menaces douanières du président américain Donald Trump contre la Chine, dans un contexte d'incertitude politique et budgétaire.

A Wall Street, vers 17H40, le Dow Jones perdait 0,95%, l'indice Nasdaq chutait de 2,10% et l'indice élargi S&P 500 de 1,45%.

La Bourse de New York, qui évoluait jusque-là en terrain positif, a glissé dans le rouge immédiatement après la menace du président américain Donald Trump d'une augmentation "massive" des droits de douane visant les produits chinois.

Donald Trump a jugé vendredi que la Chine "devenait très hostile" et a ajouté qu'il "ne semblait plus y avoir de raison" de voir son homologue chinois Xi Jinping en Corée du sud dans deux semaines, comme c'était prévu.

Le président américain, dans un message sur son réseau Truth Social, dit qu'il "sera forcé de contre-attaquer financièrement" après les restrictions décidées par la Chine sur les terres rares. L'une des options envisagées est une augmentation "massive" de droits de douane sur les marchandises chinoises entrant aux États-Unis, a-t-il ajouté.

En Europe, la Bourse de Zurich a clôturé en recul de 1,01% à 12481,41 points, quand celle de Francfort a perdu 1,50%. Milan a cédé 1,74%, Londres 0,86% et Paris 1,53% avant la nomination d'un nouveau Premier ministre en France, attendu vendredi.

"Le sujet politique français peut peser sur le CAC 40 et le reste de l'Europe", commente Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marché à IG France, évoquant "un brouillard politique" avant le week-end.

En parallèle, Daniela Sabin Hathorn, analyste de Capital.com rappelle également le retard de "publications clés" en raison de la paralysie budgétaire américaine ("shutdown"), qui entre dans son dixième jour. Il y a donc "moins de données macroéconomiques fraîches pour justifier une hausse" des marchés d'actions.

"À ce stade, aucun compromis ne semble se dessiner entre républicains et démocrates, et les espoirs d'une résolution rapide continuent de diminuer", notent les économistes de Deutsche Bank, rappelant que le dernier blocage budgétaire aux États-Unis en 2018-2019 avait duré 35 jours, un record.

Les investisseurs scruteront par ailleurs la saison des résultats des entreprises aux Etats-Unis, qui battra son plein la semaine prochaine avec notamment les publications de grandes banques américaines.

En l'absence de publications macroéconomiques américaines, les investisseurs se retrouveront "dans une situation de dépendance aux résultats d'entreprises", qui pourraient ainsi devenir "source de mouvements importants sur les marchés", explique Alexandre Baradez.

Les menaces douanières pèsent sur le dollar et relancent l'or

Les menaces douanières emportaient également le dollar, le billet vert perdant 0,51% face à la monnaie unique, à 1,1624 dollar pour un euro vers 17H40.

La baisse du billet vert et le retour des tensions commerciales sur le devant de la scène rendaient de l'élan à l'or, le métal précieux étant libellé en dollars.

Vers 17H40, l'once d'or gagnait 1,03% à 4017 dollars, non loin de son sommet historique atteint mercredi.

Ole Hansen, responsable de la stratégie matières premières au sein de Saxo Banque explique que la "confiance dans les monnaies s'érode sous l'effet de déficits chroniques, de politiques monétaires politisées et de rendements réels en baisse".

"L'or reste la couverture par défaut contre cette fuite de confiance", poursuit-il.

Le pétrole américain sous 60 dollars

L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas a fait passer vendredi le baril de pétrole américain sous la barre des 60 dollars, au plus bas depuis avril, diminuant la prime de risque géopolitique, le tout dans un marché marqué par une surabondance de l'offre.

L'armée israélienne a annoncé vendredi que le cessez-le-feu à Gaza était entré en vigueur depuis 09H00 GMT dans le cadre d'un accord avec le Hamas sur la libération des otages notamment.

"L'accord-cadre (...) incluant des libérations d'otages relance l'idée d'un apaisement régional, ce qui pourrait normaliser progressivement les routes maritimes via le canal de Suez et permettre un retour des exportations iraniennes", explique Ole Hansen.

Vers 17H40, le prix du baril de Brent de la mer du Nord cédait 2,76% à 63,42 dollars et son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, lâchait 2,99% à 59,67 dollars.

afp/ck