L'Angola cherche à lever 1,5 milliard de dollars lors de son retour sur les marchés internationaux, a annoncé mardi le ministère des Finances, devenant ainsi le dernier État africain à profiter des conditions d'emprunt les plus favorables depuis six ans.
Ce pays d'Afrique australe, qui n'avait pas émis d'obligations internationales depuis 2022, propose des obligations en dollars à cinq et dix ans, arrivant à échéance respectivement en janvier 2031 et octobre 2035, avec des taux indicatifs initiaux d'environ 9,75 % et 10,50 %, selon un document publié mardi.
Cette opération s'inscrit dans le cadre du plan de financement 2025 de l'Angola, qui vise à lever environ 6 milliards de dollars via des instruments de dette pour couvrir des besoins totaux de financement de 14,9 milliards de dollars, selon un rapport du ministère des Finances publié mardi.
La vente de ces obligations intervient à un moment crucial pour l'Angola.
Le gouvernement doit rembourser 864 millions de dollars sur une obligation arrivant à échéance en novembre et a contracté un prêt de 1 milliard de dollars via un swap de rendement total avec JPMorgan, arrivant à expiration en décembre.
Dorivaldo Teixeira, directeur du bureau de gestion de la dette au ministère angolais des Finances, a indiqué mardi à Reuters qu'aucune décision n'avait encore été prise concernant le renouvellement du swap de rendement total, qui porte un taux d'intérêt de 9 %.
Les rendements de l'obligation internationale angolaise à échéance 2032 s'établissaient mardi à 9,86 % -- en hausse de 14 points de base, mais restant proches de leur plus bas niveau depuis février 2023.
Citi, Deutsche Bank, JPMorgan et Standard Chartered sont les chefs de file conjoints de cette émission.
L'APPÉTIT DES INVESTISSEURS POUR LES OBLIGATIONS AFRICAINES S'ACCROÎT
Cette initiative de l'Angola illustre le regain d'intérêt pour la dette souveraine africaine. La prime exigée par les investisseurs pour détenir des obligations d'États africains par rapport aux bons du Trésor américain -- mesurée par l'indice Africa NexGem de JPMorgan -- s'est resserrée à son niveau le plus bas depuis le lancement de l'indice en 2019.
« Le cycle d'assouplissement devrait encore soutenir un environnement de recherche de rendement, en particulier dans un monde où la liquidité demeure abondante », explique Dan Wood, gérant de portefeuille chez William Blair Investment Management.
Les émissions obligataires des marchés dits « frontières » -- économies plus petites et plus risquées -- ont été rares ces dernières années.
« L'offre est également restée assez limitée jusqu'à présent, ce qui soutient les valorisations », souligne Aurélie Martin, analyste en obligations des marchés émergents chez Ninety One.
Les relèvements de notation et les progrès des réformes budgétaires renforcent la dynamique. Fitch et Moody's ont récemment relevé la note du Nigeria d'un cran, tandis que S&P Global a sorti le Ghana de la catégorie défaut et confirmé une perspective positive pour l'Afrique du Sud.
QUELS PAYS AFRICAINS POURRAIENT ÉMETTRE DES EUROBONDS PROCHAINEMENT ?
La République démocratique du Congo a obtenu l'approbation de son gouvernement pour une première émission internationale d'environ 1,5 milliard de dollars, qui pourrait intervenir avant la mi-2026. Le Nigeria a annoncé qu'il pourrait émettre jusqu'à 2,3 milliards de dollars d'obligations internationales d'ici la fin de l'année.
Samir Gadio, responsable de la stratégie Afrique chez Standard Chartered Bank, s'attend à ce que l'Afrique du Sud sollicite à nouveau les marchés, probablement seulement après une déclaration budgétaire intermédiaire en novembre.
De façon plus large, les émissions de dette des marchés émergents s'orientent vers une année record.
Cependant, des inquiétudes sur la santé de l'économie mondiale pourraient assombrir ces perspectives, préviennent les analystes.
« La classe d'actifs pourrait subir de nouvelles pressions si l'inflation mondiale repartait à la hausse et/ou si des tensions commerciales persistantes venaient affaiblir la croissance mondiale de manière significative », estime Kaan Nazli, gérant de portefeuille chez Neuberger Berman.
Une chute des prix des matières premières ou un relâchement budgétaire pourraient également mettre à l'épreuve l'appétit pour les obligations africaines.
« Le risque continue de dominer pour les actifs africains », juge Razia Khan, cheffe économiste pour l'Afrique et le Moyen-Orient chez Standard Chartered. « La tendance dure plus longtemps que prévu, mais ce n'est pas un marché totalement à risque contrôlé. »



















